Jean MOULIN (1899-1943)

 

On ne retient principalement de Jean Moulin que le résistant héroïque.

On sait moins qu’il a été un artiste fécond, un aquarelliste talentueux et un caricaturiste féroce.

Les circonstances ont fait qu'il a séjourné quelques temps dans notre commune.

 

Jean Moulin - 1918

Le fait qu'il soit né le 20 juin 1899, soit quasiment en même temps que la commune du Plessis-Trévise, est bien évidement une coïncidence. Dix neuf ans plus tard, le 15 février 1918,  il passe la visite du traditionnel Conseil de révision en vue d'effectuer son service militaire. La Grande Guerre n’est pas encore achevée et il est, en conséquence, mobilisé le 17 avril 1918 à Montpellier dans le 2ème Génie, basé à Metz.

Le 18 septembre 1918, il part pour le front rejoindre son régiment. A peine deux mois plus tard, l’armistice est signé.

En décembre 1918, Jean Moulin, avant d’être démobilisé, déambule de ville en ville au gré des mutations que l’armée lui impose

 

C'est ainsi qu'il arrive au Plessis-Trévise ...

Son régiment est cantonné, semble-t-il,  à la ferme Saint-Antoine. Il y restera jusqu’en juillet 1919.

Sa sœur Laure le relate dans le livre qu’elle lui a consacré :

« Au Plessis, comme ailleurs, Jean croque les sujets qui se présentent à lui. C’est ainsi qu’il fait le portrait d’un camarade avec son calot, au repos sur son lit. Il est daté du 11 juin 1919 ». [voir bandeau de cette page]

Elle poursuit : « Cela le réjouit et le change de Verdun où il pleut tout le temps. Il peut aller assez souvent à Paris où il est reçu chez des parents à nous, les Auran, qui tiennent un restaurant bien connu à Montparnasse, les Mille Colonnes.».

 

Ce séjour lui permet de s’introduire de la sorte dans le milieu artistique, véritable opportunité pour celui qui dès son plus jeune âge était passionné par l’art. Il passait en effet le plus clair de son temps à dessiner, à caricaturer ses camarades de classe ou ses professeurs. En 1919, il publiera des dessins humoristiques dans des revues étudiantes comme « La Lanterne de Diogène » ou « L’Echo des Etudiants ». C’est à cette époque qu’il aborde ses premiers essais d’aquarelle non sans manifester un talent certain.

 

Dans les années 1930, Jean Moulin fréquente le monde artistique, des écrivains, des poètes comme Max Jacob. Il continue de publier dans la revue humoristique « Le Rire » puis, compte tenu de sa position de haut fonctionnaire (il est alors préfet de Châteaulin dans le Finistère), il juge utile de poursuivre ses activités artistiques sous le pseudonyme de Romanin. (Romanin est un château en ruine, proche de Saint-Andiol dans les Bouches-du-Rhône où jeune il passait ses vacances).

 

1940. La guerre est déclarée. Jean Moulin est arrêté une première fois. Maltraité par les soldats ennemis, il tentera de mettre fin à ses jours en se tranchant la gorge à l’aide d’un morceau de verre. Il en réchappe. Depuis ce temps-là, il porte une écharpe pour dissimuler sa cicatrice.

Parallèlement à ses activités clandestines, il ouvre à Nice, en 1942, une galerie de tableaux : la galerie Romanin. Depuis déjà pas mal de temps, il collectionne Soutine, Chirico, Goerg, Albert André et Matisse entre autres et fréquente assidument quelques marchands de tableaux réputés.

 

Il rejoint le général de Gaulle à Londres et se sert habilement de sa couverture de galeriste pour mener ses activités clandestines de résistant. 

 

Il est arrêté le 21 juin 1943 à Caluire (Rhône) où se tient une réunion avec plusieurs responsables de la Résistance. Après avoir été identifié et interrogé par le chef de la Gestapo Klaus Barbie au Fort Montluc de Lyon, il est transféré à la Gestapo de Paris où il est torturé. Sommé de consigner par écrit les noms de toutes ses relations, il fera mine d’écrire avec application. Pour toute réponse, Jean Moulin mettra sous les yeux de son tortionnaire une caricature du bourreau allemand. Réponse ultime, cinglante et terrible de l’artiste Jean Moulin !

 

Il meurt le 8 juillet 1943 en gare de Metz, dans le train Paris-Berlin qui le conduisait en Allemagne pour continuer à y être interrogé. Il n’avait pas parlé.

 

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