1870, La guerre oubliée

Les batailles de Champigny, Villiers, Bry ...  du 28 novembre au 2 décembre.

 

Quelle mémoire a-t-on gardé de la guerre franco-prussienne qui s’est déroulée fin 1870-début 1871 et qui a abouti à la chute de Napoléon III mais aussi quelques mois plus tard à la perte de l’Alsace-Lorraine ? Quel souvenir a-t-on gardé des terribles batailles qui se déroulèrent pendant 4 jours fin novembre - début décembre dans les communes de Champigny-sur-Marne, Villiers-sur-Marne, Chennevières-sur-Marne ou encore Bry-sur-Marne ? 

A cette date, Le Plessis-Trévise n’était pas encore une commune à part entière (il le deviendra 29 ans plus tard) et s’il fut épargné par les batailles ou les obus, les habitations existantes du hameau n’en furent pas moins l’objet de pillages et de saccages de la part des prussiens. Le château de La Lande et l'Institut hydrothérapique du Docteur Fleury qui y était installé, ont fait quant à eux, l’objet d’attentions très différentes selon l’occupant envahisseur, tantôt protégés tantôt saccagés. Le Docteur Fleury, qui a subi cette occupation prussienne, nous a laissé un récit détaillé et particulièrement émouvant (voir pour plus de détails l'article "1870, Les prussiens à La Lande".)

Note : cet article a été rédigé à partir des nombreux documents de l'époque relatant ces batailles qui eurent lieu aux portes de notre commune, Le hameau du Plessis-Trévise étant alors en territoire occupé.

La guerre de 1870 débute le 19 juillet 1870 quand Napoléon  III,  déclare la guerre à Otto Von Bismarck alors Ministre Président de Prusse qui voulait rétablir l’Empire allemand par la force. L’armée française n’était cependant pas en ordre de bataille : ses officiers sont mal préparés, les soldats sont en nombre insuffisant, son artillerie est considérée comme moins performante que celle des prussiens. Rapidement, la France doit faire face aux défaites dans les batailles de l’Est du pays. Napoléon devra capituler à Sedan le 2 septembre avec une grande partie de son armée. 

 

Le 4 septembre, la République est proclamée et le Général Trochu, est nommé chef du gouvernement de la Défense Nationale afin d'organiser la résistance nationale. 

Le 17 septembre, les prussiens commencent le siège de Paris. Léon Gambetta, Ministre de l’intérieur et de la Guerre, réfugié à Tours, tente en vain de réorganiser l’Armée française afin de mener des contre-attaques.

Le 19 septembre, le château de La Lande et l’institut du Dr Fleury sont réquisitionnés par le comte Obernitz, commandant en chef de la division wurtembergeoise de l’armée allemande, et son état-major. 

 

Paris veut se libérer de son étreinte et en découdre avec ses assiégeurs. 

 

Le 28 novembre, sous la direction du général Ducrot, des troupes et des attelages sans fin de l'Artillerie traversent Paris sous les acclamations de la foule, s'exaltant à cette grande bataille prochaine. Les hommes emportent six jours de vivres mais pas de couvertures. L’ennemi est installé à l’Est de la Marne et c’est donc à Joinville que les troupes traverseront. Oubliées les joyeuses idylles champêtres, les guinguettes et restaurants sous les arbres, place au froid et à la neige. 

 

Le 29 novembre, en provenance des forts voisins une pluie d'obus tombe dans la cour et le parc du Château de La Lande. Le docteur Fleury témoigne : "Une explosion formidable ébranla le château et fit tressaillir ses habitants. Un obus venait d’éclater à cinquante mètres du châlet où nous avions été assignés à résidence. Un nouvel obus suivi, tombant à gauche du château, entre l’aile droite du bâtiment hydrothérapique et le promenoir couvert, dans lequel se trouvaient une vingtaine d’hommes, dont aucun ne fut atteint par les éclats de projectiles. Les vitres volent en morceaux, des soldats s’élancent effarés hors du promenoir, des chevaux attelés à des chariots vides prennent le mors aux dents et s’enfuient au galop. Il y eut un moment de désordre et de confusion. Au châlet, le fracas et la commotion furent tels, que la domestique qui, dans la cuisine, tenait une casserole à la main, la jeta en l’air, et se précipita tête baissée dans le jardin, sans savoir ni ce qu’elle faisait ni ce qu’elle disait. Le bombardement continua avec fureur. Deux autres obus tombèrent en avant du chalet, d’autres, passant par-dessus le belvédère avaient labouré la grande pelouse devant la façade du château."

 La crue subite de La Marne dans la nuit du 28 au 29 retarde le passage des troupes et la première bataille.

Pendant ce temps, l'ennemi masse ses troupes, les fortifie du côté de Villiers et Coeuilly. 

 

Le 30 novembre, au matin, la plus grande partie de l'armée a franchi les ponts de Joinville.

De l’autre côté, serpente le Ru de La Lande, à travers d'immenses espaces dégagés, ponctués des hameaux de Bry avec son four à chaux, de Champigny et de Saint-Maur, qu’il faut enlever avant d’atteindre Villiers-sur-Marne et Coeuilly, entourés de bois et parcs où se cachent en nombre les prussiens.

La matinée est claire et froide. La gelée nocturne a durci le sol. Mais, ce sera un avantage pour l'ennemi dont les obus, au lieu de s'enfoncer dans la terre humide, éclateront en surface. Si l'artillerie prussienne est inférieure en nombre, elle est bien abritée et fortement épaulée, dans des positions qui nous dominent. Notre artillerie, placée en contrebas, tirant comme au jugé sur des points que l'on distingue mal, masqués d'arbres et de fourrés, nous seconde faiblement.

Les wurtembergeois, en petit nombre, sont facilement délogés des abords de Champigny. Notre armée atteint le plateau qui domine le village et qu'un ravin sépare de Coeuilly où l'ennemi s'est fortement retranché, en crénelant les murs du parc et y établissant ses batteries. Sur cette crête découverte que balaye la mitraille, nos troupes essayent en vain de se maintenir. Toutes sont démontées, les servants et les chevaux tués.

 

Un peu plus au nord, du côté de Villiers, l'acharnement est égal. Là encore, c'était le mur du parc qu'il s'agissait d'enlever. Ce mur, de cinq à six pieds de haut, long de quelques cent mètres, avait, vers son milieu, une sorte de renflement qui permettait à l'ennemi une surveillance étendue. Démoli en quelques endroits, mais précédé d'un large fossé plein d'eau, il ouvrait ses embrasures à de nombreux canons qui ne cessaient de nettoyer l'espace en avant. Il fallait franchir cet espace qui formait une immense rampe découverte. Si nos batteries eussent pu s'établir dans une position convenable, le mieux eût été, avant d'y donner l'assaut, de battre ce mur avec du canon, d'y faire brèche. Mais, à tort ou à raison, Villiers, le parc et le château de Villiers passaient pour la clef de la position. A tout prix, l'on était résolu d'emporter cet obstacle, de l'emporter de front. Et c'est là que, toute la journée, allait se concentrer l'effort de la bataille : nombreuses charges héroïques, mais aussi nombreux morts sous les grêles de mitrailles et d’obus.

 

 

Au soir du 30 novembre, sur toute la ligne, la fusillade cesse, la canonnade s'endort. L'ennemi est maître de Champigny et de Bry, mais pas de Villiers et Cœuilly. Dans un froid glacial (il fait - 10°)  4 000 français gisent sur le champ de bataille, tués, blessés ou mourants et environ 1 600 Allemands Wurtembergeois, Poméraniens, Saxons, Prussiens.

 

Ier décembre, Suite à une entente tacite qui, dans l'après-midi, se transforma en trêve formelle jusqu'à cinq heures du soir, les hostilités ont cessé de part et d'autre. Français, Allemands, se côtoient, se regardent sans colère, avec des yeux tristes, et échangent quelques mots à voix basse. Tous s'occupent de relever les blessés, d'ensevelir les morts. 

 

"Pendant toute la journée du 30 novembre, des centaines de blessés se traînèrent ou furent apportés à Lalande. Les soldats étaient conduits à la ferme Saint-Martin et au château de Coeuilly, Plessis-Lalande recevait de préférence les officiers. Dès ce moment, le docteur Fleury, se consacra tout entier au service de «  l’Ambulance » établie enfin à Plessis-Lalande par la force des choses qui toutefois reçut un caractère exclusivement allemand, car l’ordre fut donné de n’y introduire aucun blessé français.

Dès qu’apparaissait un pantalon garance, des soldats allemands se précipitaient et les dirigeaient vers Coeuilly ou Saint-Martin, repoussant brutalement toute aide  de leurs compatriotes. Mme Fleury, humaine et charitable, réconfortait et pansait de jeunes hommes de 19 à 20 ans qui, épuisés par la fatigue, par l’inanition et par la perte de sang, tombaient sur les routes en pleurant et en invoquant leur mère." (Témoignage du Dr Louis Fleury).

 

Coté commandement, la crainte d'infliger aux Parisiens qui attendaient anxieusement l'issue de la lutte, une trop brusque et trop amère déception l'emporte sur les conseils de la raison, sur ceux de la prudence. Il est décidé que la bataille reprendrait le lendemain.

 

2 décembre, Ce jour fut comme la contrepartie du 30 novembre. L'offensive, cette fois, viendra de l'ennemi qui a eu le temps, durant la trêve, de concentrer et grossir ses forces. Mais, comme nous qui nous étions brisés l'avant-veille sur Cœuilly et sur Villiers, il va se briser à son tour, sans plus de profit, sur Champigny et sur Bry.

Dès la pointe d'aube, au milieu du brouillard, dans les bois qui avoisinent Champigny, du côté de Cœuilly, l'ennemi a rampé dans les broussailles. La fusillade éclate. Nos avant-postes sont surpris par cette brusque attaque. Fantassins et mobiles, que les fatigues et le froid ont fini par engourdir d'un lourd sommeil, dans les maisons, sous les hangars, au fond des fossés ou sur le sol glacé des routes, se jettent sur leurs armes. Et la lutte s'engage. Elle durera toute la journée. On se bat de ruelle en ruelle, d'une maison à l'autre, abattant les murs de séparation. « C'est une fournaise où chacun est aveuglé par la fumée et par la poussière. Les obus, en éclatant, font sauter les fenêtres, les portes et les toits des maisons, qui retombent en pluie de tuiles, ardoises, chevrons, meubles brisés, planchers, moellons, platras, et qui blessent nombre de soldats entassés aux alentours. Le bruit de la fusillade et de la canonnade est si fort qu'on ne peut s'entendre à un mètre et qu'il faut se crier les mots à l'oreille. On se croirait dans un cratère. Nos hommes, cependant, ne se laissent pas ébranler par ce feu infernal. Loin de reculer, ils tendent à progresser. Notre droite, de menacée, devient menaçante. »

 
Alphonse de Neuville - Bataille de Champigny - 1870

A la même heure, en face de notre centre et de notre gauche, l'ennemi, débouchant de Villiers et de Noisy, et apparaissant sur toutes les crêtes qui rejoignent ces deux villages, s'est porté sur Bry et nous en a délogés. Nous réoccupons cette position quelques heures après, et, poursuivant l'ennemi sur les pentes, au fond du ravin, nous le refoulons au haut de ces crêtes, où il a établi ses batteries.

Parmi ces engagements, s'éparpillant sur toute la ligne, depuis le Four-à-Chaux, en suivant le ruisseau de La Lande et la voûte du chemin de fer de Mulhouse, jusqu'à Villiers et jusqu'à Noisy, vingt épisodes sanglants se déroulent.

Cependant, des deux côtés, la lassitude commence à prendre les troupes, face à face depuis trois jours, et qui évoluent, vont et viennent, piétinent dans cette vallée et sur ces pentes, les jonchant de leurs corps, sans arriver à un résultat décisif. Décimés, désorganisés, les débris de régiments hésitent, se tâtent, se séparent, sans chercher à se rapprocher, à s'affronter. Ce n'est plus, du nord au midi, — bien que la journée soit peu avancée, — qu'un duel d'artillerie assez inoffensif. Le plateau d'Avron, le fort de Nogent, les redoutes de la Faisanderie et de Gravelle, celles de la presqu'île de Saint-Maur, ne cessent de tonner sur un front de cinq kilomètres. Des hauteurs opposées de Cœuilly, de Villiers, de Noisy, de toutes les crêtes qui nous font face, les batteries ennemies répondent. Un roulement ininterrompu, une tempête aux mille voix de bronze ébranle et secoue le champ de bataille. Des nuages de fumée glissent au dessus, planent un moment et y font la nuit, puis sont chassés par le vent du nord et remplacés par d'autres. 

A Paris, entre espoir et crainte,  la population s'est portée en masse vers les portes pour être au plus près des premières nouvelles. Elle n'apprend rien de précis. Elle voit défiler les voitures d'ambulances ramenant les blessés en grand nombre, quelques groupes de prisonniers, Saxons, Wurtembergeois, Prussiens. Et c'est tout. D'autres, pour suivre, s'il se peut, les péripéties de la lutte, ont escaladé les points les plus élevés de la ville. Quand le rideau de fumée s'entrouvre, on peut, du champ de bataille, apercevoir au loin, noirs de foule, les sommets de Montmartre, de Ménilmontant, des Buttes-Chaumont, même les hauteurs du cimetière du Père-Lachaise. La partie n'était ni gagnée ni perdue.

Quand la nuit vint, nous restions de nouveau sur nos positions, à Bry comme à Champigny, ayant un peu reculé la ligne d'investissement. Mais, nous n'avions pas fait de trouée, nous n'avions pas, comme il l'eût fallu, brisé le cercle qui nous entourait en rabattant les tronçons sur Versailles, pour nous évader au dehors. De son côté, l'ennemi avait échoué, puisque, d'après l'ordre du jour du prince de Saxe, généralissime des troupes entre Seine et Marne, l'objectif de cette journée était de nous chasser de Bry et de Champigny et de nous rejeter au delà de la rivière. Trois mille des nôtres venaient encore d'être mis hors de combat. Les pertes de l'ennemi étaient, cette fois, à peu près égales. Il n'y avait plus d'espoir, les jours suivants, de percer les masses amoncelées devant nous, d'emporter Cœuilly et Villiers, qui avaient résisté à tant d'assauts. 

 

Les Allemands étaient aussi las, aussi découragés que nous. A Champigny, beaucoup des leurs avaient fui. « A partir de deux heures, et pendant tout le reste de la journée, à travers champs, et par les trois grandes avenues qui, du pont du chemin de fer, se dirigent vers Plessis-La-Lande, Saint Martin et Plessis-Trévise, des hommes, en nombre de plus en plus considérable, s'avançaient en titubant. Nous les prîmes d'abord pour des blessés, mais c'étaient des fuyards qui, pâles, exténués, couverts d'une sueur froide, affolés de terreur, désertaient le champ de bataille, une foule compacte, formée surtout de Wurtembergeois,mais contenant aussi des Saxons et des Prussiens. Ils couraient droit devant eux, jetant leurs fusils, leurs sabres, leurs casques, dans les fossés des routes, dans les bois, par-dessus les murs, dans les jardins, jonchant le sol de leurs cartouches. Ils pénétraient dans les cabarets et dans les maisons abandonnées, se cachaient dans les caves et dans les greniers. Ces malheureux furent découverts, le lendemain, par des gendarmes Wurtembergeois, qui les emmenèrent, après leur avoir attaché les mains derrière le dos » (Témoignage du Dr Louis Fleury) 

3 décembre. Après une quatrième nuit de bivouac, plus glaciale encore et plus terrible que les précédentes, plus meurtrière pour les blessés abandonnés sur le champ de bataille, les troupes, manquant de vivres et ayant, pour la plupart, épuisé leurs munitions, l'ordre de retraite fut donné. Et tous les régiments, à travers Paris consterné, muet, mais le cœur aigri et plein d'une sourde rancune pour tant d'illusions mises à néant, regagnèrent leurs cantonnements.

En vain, les bulletins des généraux Trochu et Ducrot, faisaient valoir les succès remportés, parlaient d'autres tentatives ultérieures, sur un autre point du périmètre, où nous pourrions surprendre l'ennemi. Personne ne s'y trompait. Nous venions d'atteindre le point culminant du siège. Nous venions de donner un effort violent, où toutes nos forces s'étaient ramassées, mais cet effort avait échoué. ..

Parmi les jeunes mobiles surtout, qui, pour la plus grande partie, avaient composé l'armée de Champigny, et qui s’y étaient admirablement comportés et avaient eu un nombre considérable de leurs officiers tués, les symptômes de découragement se manifestaient et gagnaient de proche en proche. Pour sauver leur amour-propre et tromper, s'il se pouvait, la vanité parisienne, on les maintenait hors des murs, bivouaqués dans les champs, le long des routes. On manquait de tentes et d'abris et on s'entassait dans des maisons déjà pillées, sans porte ni fenêtre. On arrachait les derniers débris de parquets, les poutrelles, les toitures pour alimenter de grands feux. Et ces soldats restaient là accroupis, le front ou les oreilles bandées, hébétés, silencieux dans le froid glacial  (la température avoisinait les -14 degrés) et chaque nuit, on recensait de nouveaux cas de congélation...

 
 

De surcroît, dans Paris, depuis le 27 décembre, le bombardement avait commencé. Le « moment psychologique», prédit par M. de Bismarck, était venu avec ses canons Krupp, énormes pièces de siège, que la prise de Toulet avaient permis d'amener jusqu'à la ligne d'investissement. Les Parisiens ne s'effrayèrent pas. Ils crurent d'abord à une erreur, à quelques obus égarés, passant par-dessus les forts de Montrouge, de Vanves et d'Issy, que, depuis quelques jours, en même temps que le plateau d'Avron, l'ennemi tâchait à pulvériser. Mais quand, de minute en minute, — frappant le Val-de-Grâce et la Pitié, le Panthéon et l'École de Droit, le Muséum du Jardin des Plantes, la Charité, l'Observatoire, - les coups se portèrent sur les six arrondissements de la rive gauche, il fallut bien se rendre à l'évidence. Un cri d'horreur s'éleva : les hôpitaux, les ambulances où flottait la Croix Rouge de Genève, les Instituts des Sourds et Muets, des Jeunes Aveugles, les lycées, les écoles, tout était visé et mitraillé indistinctement.

Des protestations indignées s'élevèrent. Pasteur renvoya à Bonn, le diplôme de cette université, dont il avait été honoré. Tous les membres des ambassades et consulats étrangers, présents à Paris, s'indignèrent de cette sauvagerie... Ce bombardement, fit de deux à trois cents victimes dans la population, sans atteindre un seul combattant, soldat, mobile ou garde national.

Des familles, en petit nombre, avaient déménagé sur la rive droite. Les autres, s'habituaient à ces nouvelles misères et se familiarisaient avec le danger. Dans ces quartiers qui servaient de cible et où s'éparpillait à toute seconde la pluie de la mitraille, la vie, les devoirs, les obligations, fonctionnaient comme à l'ordinaire. Chacun sortait, rentrait, allait à ses affaires. On se mariait aux mairies, aux églises. Les files de femmes, au seuil des boucheries, des boulangeries, où un grand nombre furent blessées et tuées, continuaient. Les enfants finissaient par se faire un jeu de courir après les obus et d'en ramasser les éclats. Il y eut malheureusement, encore, d'atroces épisodes perpétrés par l'occupant...

 

31 décembre et jours suivants. Le dernier jour de 1870 avait sombré dans l'oubli, au bruit du bombardement redoublant d'intensité à l'heure où minuit sonnait, comme si les Prussiens avaient voulu, d'un adieu joyeux, saluer cette année glorieuse pour leurs armes.

Frileux et triste, dans une atmosphère neigeuse, le premier jour de 1871 se leva sur Paris, au milieu du même déchaînement et de la même tempête d'obus. A part ce grondement ininterrompu du canon, la vie du siège allait continuer ainsi jusqu'au 19 janvier. Les conseils de guerre se succédaient. Le gouvernement, les généraux, même les maires et les adjoints convoqués, parlaient beaucoup et agissaient trop peu.

Avec la cherté des vivres, du fait de leur rareté (on alla jusqu'à faire la course aux animaux domestiques et abattre les animaux du Jardins des Plantes),  la misère et la mortalité croissante, une sorte de torpeur semblait envelopper la ville. 

 

 

20 janvier 1871. La France capitule et signe l’armistice, abandonnant à l’ennemi l’Alsace et la Lorraine.

Les habitants du hameau du Plessis-Trévise allaient devoir panser leurs plaies. L'institut hydrothérapique du Dr Fleury saccagé ne s'en remettra pas.

 

Un des plus importants Monuments aux Morts sera édifié à Champigny en 1877 au sommet du plateau où se déroula une des plus importantes batailles de cette guerre. Il abrite plusieurs milliers de français et plusieurs centaines d'allemands. Beaucoup de soldats avaient été enterrés à l'endroit où ils étaient tombés.

 

Il fallut attendre le 9 novembre 1911 pour qu'une loi reconnaisse officiellement les combattants de cette guerre et qu'une médaille leur soit attribuée. Le ruban associe le noir du deuil de la défaite et le vert de l'espérance du retour de l'Alsace-Lorraine.

 

 

Après la guerre de 1870,

Champigny prendra pendant quelque temps le nom de Champigny la Bataille,

La construction du Fort de Champigny sera décidée pour renforcer la sécurité de la capitale.

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