A l'aube de l'humanité

Le marécage miroite sous la brume qui se dissipe à grand peine dans le soleil levant. A proximité des saules et des bouleaux nains, le campement s'éveille. Dans les lichens et la mousse spongieuse, les échassiers s'activent. De grands vols d'oies sauvages sillonnent le ciel gris de nuages, tandis que des volatiles plus petits se repaissent des millions de mouches et de moustiques qui prolifèrent dans cet univers fangeux. La forêt aux alentours, sombre, mystérieuse, vibre sous les cris d’une faune sauvage.

 

Il faut une bonne dose d’imagination pour se représenter un tel paysage et pour se persuader que le sol que nous arpentons aujourd'hui a abrité une vie, il y a des millénaires. Malgré l’immense travail effectué par nos archéologues, de très nombreux points sont encore à éclaircir. L’état décrit n’est donc que probable et sujet à des variations en fonction des résultats des nouvelles recherches.

                       Campement du paléolithique                                    Agriculteurs du néolithique      

La disposition en ruban des composants ferreux qui colorent les sédiments des hauteurs de notre département du Val-de-Marne, tend à y décrire, des climats froids et humides, cette dernière caractéristique devant être pondérée par le côté marécageux où ils baignent.

Les premiers habitants nous ont laissé des témoignages de leur passage et de leurs activités, retrouvés ça et là, en divers endroits du territoire de notre commune. Ces traces nous conduisent à penser qu’il y a probablement eu une présence relativement continue depuis la préhistoire (400 000 ans avant notre ère) jusqu'aux invasions germano-celtiques (900 ans avant J.C.).

L'altitude des contreforts du plateau de la Brie a dû constituer un site de guet assez privilégié pour attirer le chasseur préhistorique, lui permettant de traquer le gibier qui se présentait au gré des saisons, essentiellement pour sa consommation quotidienne, pour les peaux servant à fabriquer tente et vêtements, avant d’utiliser les os et le bois des cervidés pour la fabrication d’outils. Il a trouvé dans cette région une zone giboyeuse à l'écart des crues de la Marne et de la Seine.

 

Plus tard, bien plus tard, quand l'homme aura appris à dominer la fabrication et la mise en oeuvre du métal, il abandonnera aux limites de Villiers-sur-Marne et de La Queue-en-Brie, des fragments de son industrie.

On a retrouvé, entre autres, au lieu-dit "Les Bordes" un polissoir néolithique et de nombreux silex taillés. Le lieu-dit ‘La Pierre Laie’ pourrait laisser entendre qu’à cet endroit il y aurait eu un menhir, d’où le nom. Une fouille de sauvetage au lieu-dit ‘Les Marnières’ a révélé une occupation d’époque gallo-romaine avec une grande quantité de scories, laissant supposer une activité métallurgique. 

Scie à encoche; silex néolithique Plaine des Bordes. collection Laboratoire départemental d'Archéologie
Nucléus néolithique Grand Pressigny dit "Motte de beurre"

 

 

 

Un  certain nombre d’outils paléolithiques et surtout néolithiques, dont un nucléus, ont été trouvés lors des labours de la plaine Saint-Antoine. 

 

 

Nucléus néolithique du « Grand Pressigny » dit « motte ou livre de beurre »

Silex tertiaire de 23 cm, originaire d’Indre & Loire. Retrouvé dans la Plaine Saint-Antoine. il est, selon un rapport du Laboratoire départemental d’Archéologie, le premier trouvé dans le Val de Marne, laissant à supposer qu’il a accompagné des migrations de campements nomades.

(Collection SHPT)

Pièces récoltées dans la Plaine de Saint-Antoine, limite de La Queue-en-Brie

1 - Proximal de lame pouvant dater du paléolithique supérieur

2 - Proximo-mésial d'éclat laminaire

3 - Silex en concordance de patines avec les 2 précédentes

4 - Silex secondaire (craie)

5 - Eclat selon la technique de débitage Levallois sur silex grumeleux tertiaire lacustre paléolithique moyen au sens large (200 000 à 350 000 ans avant notre ère).

 

Ces éléments récoltés en position secondaire (patine caractéristique d'un trajet fluvial ou de solifluxion c'est-à-dire de coulées de boue) prouvent l'existence d'une implantation paléolithique dans un secteur voisin du lieu de ramassage. ( Authentification de 1995 par le Laboratoire départemental d'Archéologie - collection SHPT ).

 

 

De même, une hache polie a été découverte à l’extrême nord-est de la commune non loin de l’étang du Val Roger, ainsi que des silex du côté de l’Ile Caroline et dans le quartier Marbeau.

 

 

 

Un superbe crâne de jeune mammouth (1,10 m de longueur x 0,80 m de largeur) a été retrouvé à Champigny-sur-Marne, ainsi que des défenses à Bonneuil, à quelques lieues de notre territoire.

 

En conséquence, il est tout à fait plausible d’imaginer que nos zones forestières aient été fréquentées par ces énormes pachydermes (dont la taille au garrot pouvait dépasser 4 mètres).

 

Mais, c’est surtout la trace de grands ongulés herbivores qui a été retrouvé, tels que le bison, l’auroch, de grands chevaux sauvages, le grand cerf pour ne pas dire le gigantesque.

 

En cette période du paléolithique supérieur, les chasseurs s’organisent par petits groupes très mobiles. Ils exploitent d’immenses territoires. 

C’est évidemment en été que la chasse bat son plein. La faune est abondante. Les progrès de l’outillage la rendent fructueuse.

 

Astucieux, l’homme sait tendre des pièges : des rabatteurs précipitent le gibier du haut d’un escarpement rocheux ou dans un étang. Les animaux sont achevés et dépecés sur place. La viande est ensuite transportée jusqu’au campement pour être découpée, fumée, séchée au soleil et mise en réserve pour les longs mois d’hiver.

 

A côté de ces grands herbivores figurent de moyens et petits mammifères (renard, loup, hyène, fouine, martre, hermine…) dont les peaux ont été sans doute largement exploitées.

 

Aux environs de 40 000 ans avant J.C., l’homme de Cro-Magnon succède en Europe à l’homme de Neandertal.

 

Bien que sa carrure soit un peu plus trapue que la nôtre et son système pileux plus développé, il pourrait presque passer inaperçu dans notre siècle tant il a perdu les traits simiesques de ses ancêtres.

Il mesure environ 1,72 m, son teint est clair et son nez aquilin.

 

Cette pérennité de l’habitat ancien se confirme également par l’existence d’un site gallo-romain (50 ans avant J.C.) situé au sud-est de la commune, dans la plaine des Bordes, en limite de La Queue en Brie. 

 

Ce sont donc au total six sites (deux sites préhistoriques, trois sites protohistoriques, un site gallo-romain) qui font foi de la présence humaine sur le territoire communal depuis les temps les plus reculés. Le Laboratoire  départemental d'Archéologie et la Société Historique du Plessis-Trévise conservent précieusement ces témoignages authentifiés, issus de la nuit des temps.

Divers paléontologues ont pu constater qu’il n’existe aucune différence biologique entre l’homme de Cro-Magnon qui affrontait le mammouth et l’homme d’aujourd’hui qui prend le métro, l’auto, l’avion ou s’embarque pour un voyage interplanétaire. Sous le pagne du primitif actuel comme sous la combinaison du cosmonaute se trouve le corps du même être : l’Homo sapiens.

Il est, sans aucun doute, surprenant et peut-être aussi réconfortant, pour la majorité d’entre nous, de pouvoir se forger de si lointaines racines issues de l’aube de l’humanité...

Quelques repères chronologiques :  

 

Préhistoire : période précédant l'invention de l'écriture.

Paléolithique : période culturelle qui couvre la majeure partie de l'histoire humaine (des premiers Hommes (homo habilis -2,3 millions d'années) à la fin de la dernière glaciation (10 000 ans avant Jésus-Christ). Les Hommes chassent, pêchent et collectent leur nourriture et matières premières. Ce sont des nomades.

 

Néolithique : période préhistorique au cours de laquelle l'Homme se sédentarise et domestique Plantes et Animaux, invente la technique de la pierre polie (hache) et de la céramique. Environ de 5 000 à 2 000 avant J.C.(âge des Métaux et du Fer).

 

Protohistoire : période comprise entre la pré-histoire et l'histoire, souvent associée à l'âge des métaux. Ce terme s'applique à des populations ne possédant pas l'écriture.

 

Histoire : période commençant avec la naissance de l'écriture et l'âge des métaux

Age du Bronze : période de 2 000 à 750 avant J.C.caractérisée par la diffusion de la métallurgie du bronze.

 

Age du Fer : période de -750 à -52 avant J.C., date de la conquête romaine des Gaulles par Jules César.

 

Version imprimable | Plan du site
© 2015-2024 SHPT - Mémoire-du-Plessis-Trévise.fr