Le Val Roger est aujourd'hui un quartier connu du Plessis-Trévise. Il doit ce toponyme à Gustave Hyppolyte Roger qui devient propriétaire du château de la Lande à partir de 1857, suite au décès de la veuve du Maréchal Mortier et au lotissement par J.A. Ardouin.
Mais qui était donc Gustave Roger ?
Gustave Hippolyte Roger est né à Paris (plus précisément à La Chapelle Saint Denis (commune aujourd'hui intégrée à la ville de Paris) le 17 décembre 1815 . Sa famille est d'origine irlandaise. Du coté paternel, son oncle, le comte Ready de la Grange fut colonel de la gendarmerie de Paris en 1812 puis gouverneur d'Arras et de Beauvais. Un autre de ses oncles fut député du Loiret. Du coté maternel, son grand père était reconnu comme un grand comédien sous le nom de Jean-Baptiste Corsse. Il fut le restaurateur et le directeur du théâtre parisien l' "Ambigu-Comique". Philanthrope à ses heures, il eut l'ide, le premier, d' instituer une école de danse gratuite pour 30 enfants. Ceux-ci recevaient en même temps l'instruction, paraissaient au besoin dans les pièces et touchaient 10 francs par mois. Corrse leur donnait aussi du pain, un état et l'éducation.
Gustave ROGER étudie au lycée Louis le Grand puis est placé dans une étude de notaire. Son père exerce la profession de notaire et l'oriente fortement dans cette direction. Les tourments de l'art dramatique le pousse cependant à lire en cachette des pièces de théâtre ou à étudier la musique. Ce qui lui vaut d'être exiler dans une étude notariale à Argentan. Il devient directeur, régisseur puis acteur principal d'un petit théâtre. Le 15 juillet 1836, le notaire, chez qui Gustave Roger était en place, assiste à l'une des pièces , l'applaudit chaleureusement... et le met à la porte dès le lendemain. L'histoire se répète ensuite à Montargis.
Il concourt alors pour une place au Conservatoire de Paris où il termine premier sur quarante candidats. Un an après, en 1837, il obtient le prix de chant et le prix de la déclamation. En 1838, il débute à l'Opéra comique dans le rôle de "Georges de l'éclair". La presse ne se tarit pas d'éloge pour ce débutant de 22 ans. Il y restera 10 ans créant et jouant 19 pièces dont "La sirène", "Les Mousquetaires", "Le Domino noir", "La dame Blanche".
Après un court passage par Londres fin 1847-début 1848, il se fixe à Paris. Le 16 avril 1849, il joue à l'Opéra la première de "Le Prophète". C'est un très grand succès. Il est suivi de nombreuses créations à succès comme "L'enfant prodigue" ou de reprises comme "La reine de Chypre", "Lucie", "La favorite" ...
Membre de l'Académie Impériale de Musique, il se produisit devant Napoléon III et l'impératrice Eugénie avant d'entreprendre une carrière européenne chantant en plusieurs langues (Berlin, Francfort, Hambourg). Il rencontre Hector Berlioz à Bruxelles, Alexandre Dumas en Allemagne. Il est décoré de l'Ordre du Mérite par le roi de Prusse.
En 1859, il reçoit Richard Wagner en son château de La Lande qu'il vient d'acquérir deux années auparavant. Ce dernier est venu le rencontrer pour lui proposer la traduction de son opéra "Tannhauser". Finalement, ce projet n'ira pas à son terme.
Gustave Roger a laissé ses souvenirs dans un livre intitulé "Carnet d'un ténor".
Le 27 juillet 1859, il est victime d'un stupide accident de chasse dans le parc du château. Son bras droit reçoit la décharge de son fusil; il est atrocement mutilé et doit être amputé. Il le raconte lui-même dans "Les carnets d'un ténor".
Malgré cela, il continuera de chanter sur scène, muni d'un bras artificiel, mais il devra quitter l'Opéra.
En 1869, il devient professeur de chant au Conservatoire de Paris où il restera jusqu'à sa mort.
En 1863, il morcelle les terres qu’il possède en avant du château de La Lande, créant ainsi un lotissement dont l’avenue principale conduisant au château prit son nom : "Avenue du Val Roger".
Il donna aux avenues divisant les parcelles, le nom d’opéras dans lesquels il tint des rôles qui le rendirent célèbre : ce sont les avenues de la Dame blanche, du Domino noir, de la Favorite, de Mireille,
d’Herculanum, des Huguenots, des Mousquetaires, du Prophète, de la Sirène.
Certaines irrégularités administratives lors du lotissement lui valurent un procès de la commune de Villiers-sur-Marne, procès que la ville gagna. Il dût alors se résoudre à lui céder ces voies.
Gustave Hippolyte Roger décèdera en 1879.
Le quartier continue de porter son nom et les avenues du quartier le nom de ses succès d'Opéra.