Jean-Baptiste Firmin MARBEAU                              (1798 - 1875)

 

Marbeau, fondateur des crèches

Source : Archives Société Historique du Plessis-trévise

 

En 1844, Firmin Marbeau présente un vaste programme faisant suite à un nouveau concept qu'il vient de créer, celui des crèches infantiles. 

Alors qu'il est conseiller municipal de Paris, lors d'un enquête menée par ses soins, il a l'occasion de visiter un des endroits les plus pauvres de la capitale. Dans de misérables réduits, il trouve des nourrissons confiés à de malheureuses gardeuses, dans les plus déplorables conditions d'hygiène et coûtant beaucoup trop à leurs pauvres parents. Des blanchisseuses venaient allaiter leurs nouveaux nés aux heures des repas et les retiraient le soir. 

En 1845, dans un petit volume intitué "Des crêches pour les petits enfants des ouvrières" il consigne la nécessité de mettre en place une institution basée sur des recommandations, sur son fonctionnement, ses principes, sa réglementation, son hygiène, listant les services qu'elle peut rendre. L'ouvrage est presque ausiitôt couronné par l'Académie française et fait l'objet d'une bulle du Pape en 1846. Il est retiré à six éditions et traduit en plusieurs langues. Le projet de Marbeau est alors rapidement mis en application. La première crèche est ouverte le 14 novembre 1844 à Saint Pierre de Chaillot. Le mouvement se propage et en 1868, il existe 84 crèches pour tout le territoire (soit 4 000 places accueillant 15 000 enfants dans l'année). Cinquante ans plus tard, le département de la Seine en compte 87 et la France entière plus 300 réparties dans 171 villes.

Ses recommandations reposent autant sur des bases hygiénistes que morales : 

 

 - Faites lui prendre l’air, le dimanche, s’il fait beau.

- Venez l’allaiter deux fois par jour.

- Ne mettez pas votre enfant en nourrice; il perdrait la santé.

- Ne gênez pas sa respiration.

- Ne le laissez pas assis longtemps sur le pot, ni ailleurs…

- Les impressions de l’enfance agissent toute sa vie.

- Apprenez-lui à aimer son père, à le respecter, afin qu’il vous aime et vous respecte

- Apprenez-lui à être aimable, aimant, bon, poli et reconnaissant.

- Ne lui donnez pas de frayeurs, ne le battez pas, traitez-le toujours avec douceur. On corrige en ne récompensant pas.

 

 

17 septembre 1914 - Protection de l'enfance

Marbeau et le Plessis-Trévise

Un point demande maintenant à être éclairci. Un quartier de la ville, une avenue ainsi que l’école qui y est implantée portent le nom de cette personnalité.  Quel lien unit-il Marbeau au Plessis-Trévise ? Un petit retour en arrière s'impose.

En 1855, le règlement de la succession de la duchesse de Trévise, épouse du maréchal Mortier, aboutit au morcellement du vaste domaine qui entourait le Château de La Lande par J.A. Ardouin. En 1857, Jean-Baptiste Firmin Marbeau acquiert la Ferme des Bordes et ses terres, puis en 1863, des terres environnantes (qui deviendront dès lors le lieu-dit Le bois Marbeau). Le lotissement et l’avenue n’apparaitront  qu'au début du XXe siècle, lors de la vente des terres héritées par ses deux enfants.  

Il n’habitera pourtant jamais le territoire communal actuel, sachant que jusqu'au début du XXe siècle, la Ferme des Bordes est située sur la commune de Chennevières-sur-Marne.

La future municipalité ne retiendra donc de Marbeau que le détenteur d’une propriété relativement importante quant à sa superficie.

Source : archives et colorisation SHPT

Quelle providence a donc fait que Firmin Marbeau devint propriétaire de terres dans cette partie de la région parisienne bien éloignée de la capitale et mal commode d’accès à cette époque alors qu’il n’y résidera pas et n’y fera pas construire ?

Tentons une hypothèse.

Au règlement de la succession de la maréchale Mortier, en 1857, le domaine du Plessis La Lande est acheté par Jean Augustin Ardouin, homme d’affaires parisien. Ce dernier cède une partie du domaine, sur lequel est édifié le Château de La lande, au ténor d’Opéra Gustave Hippolyte Roger qui lui même en lotit un morceau. En 1863, Ardouin morcelle le reste du domaine dont une fraction est acquise par Firmin Marbeau. Peu après, en 1865, le chanteur Roger loue le château au docteur Louis Fleury qui est alors médecin aux Eaux de Meudon-Bellevue. A cette époque, le frère de Firmin Marbeau, Edouard, est maire de Meudon. Il est donc possible que Marbeau ait eu vent de l’affaire par l’intermédiaire de son frère, lequel était vraisemblablement en relation avec le docteur Fleury.

En 1886, le château et son parc, quelques terres qui y restent attenantes, sont achetés par Adelinda Concha qui résidait elle aussi à Meudon, en 1859.

Ainsi, ces trois personnages, Firmin Marbeau, Louis Fleury et Adelinda Concha ont en commun la ville de Meudon et c’est peut-être là que se sont tractées ces bonnes affaires.

Cette hypothèse demanderait à être confirmée, et si c’était le cas, si Firmin Marbeau doit sa notoriété à sa générosité et à sa charité, il n’en demeure pas moins qu’il devait être également un homme d’affaires avisé !

 

 

En 1968, la construction d'une nouvelle école élémentaire commence avenue Marbeau. Elle sera inaugurée en 1969 et portera le nom de "Ecole Marbeau." 50 ans après, lors du jubilé de l'école, une plaque commémorative à son nom sera apposée.

Retrouver la rubrique consacrée à l'école Marbeau en cliquant sur cette ligne.

 

Eléments de biographie de Firmin Marbeau

Corrézien d’origine, il est né à Brive le 18 mai 1798, d’une famille d’ancienne bourgeoisie locale. Son père Pierre Marbeau, négociant, et sa mère née Marie Dumas eurent dix enfants dont quatre survécurent.

Après de fortes études au collège de Brive, il va apprendre le droit tout en se livrant à la pratique des affaires juridiques. Arrivé à Paris en 1816, aidé des seules ressources de son travail, Firmin Marbeau devient successivement maître clerc chez son cousin Lacoste et licencié en droit. Il soutient une thèse remarquée, en fait un livre, et acquiert une rapide mais réelle notoriété en procédure. A vingt-cinq ans, il achète une charge d’avoué et se marie.

 

Sous la Révolution de 1830, il se tient volontairement à l’écart de l’action politique tout en suivant avec intérêt la marche des événements. Il devient alors journaliste et rédige une brochure à caractère volontiers polémique. Il salue la Monarchie de Juillet et publie dans le Journal des Débats une lettre ouverte à l’adresse de Chateaubriand qu’il conjure de prêter serment au nouveau Roi.

On le dit de nature expansive à laquelle s’allient des manières distinguées, un esprit fin, une humeur souriante et toujours jeune. A trente-quatre ans, il se consacre essentiellement à l’étude et à la pratique du bien public. Il suit d’abord des cours à la Sorbonne ; il compose de nombreux écrits d’économie charitable, politique et sociale ; il remplit les fonctions d’adjoint au maire du 1er arrondissement de Paris et fonde alors l’Œuvre et la Société des Crèches ; enfin il prend part à de multiples œuvres philanthropiques telles que la Société d’Economie Charitable, la Société des Sauveteurs, la Société Protectrice de l’Enfance, la Société d’Encouragements Au Bien ainsi qu’à l’Association Corrézienne de Paris au sein de laquelle il aura une action permanente.

 

Devenu adjoint au maire du 1er arrondissement de Paris en 1834, il fonde la première crèche en 1844, structure d’une douzaine de « berceaux ».

 

 

Firmin Marbeau (Source Gallica)

 

Il est ainsi, entre 1847 et 1872, à l’origine de nombreux tracts et brochures répandant ses idées humanitaires sur les nourrices, les enfants abandonnés, le travail dans les prisons, l’interdiction de la mendicité… C’est lors de ses visites aux « salles d’asile » où des nourrices gardent les enfants des travailleuses dans des conditions d’hygiène déplorables, qu’il va découvrir les conditions de vie de ces populations.
 

En 1846, il fonde "La Société des Crèches ". 

Il se consacre alors pendant plus de quarante ans aux oeuvres philanthropiques, s’intéressant en particulier à l’enfance. Il est d’ailleurs connu à Paris et dans les capitales européennes sous le nom de « Marbeau-des-Crèches »

 

Avec le soutien de l’Eglise catholique, les établissements se multiplient : en
1875, plusieurs dizaines de villes françaises possèdent une crèche (il en existe 90 exactement) et elles se développent également à l’étranger.

 

 

 

Source : La revue municipale (Paris) - Nombre d'enfants en crèches à Paris et banlieue en 1856

Firmin Marbeau sera décoré en 1846 de la Croix de chevalier de la Légion d’honneur dont il devient officier en 1868.

 

Firmin Marbeau vers 1860 (Source Wikipédia)

Le 11 octobre 1875, il s’éteint sans angoisse et sans souffrance.

L’Association Corrézienne, à laquelle il prit une part extrêmement active, rend compte de sa disparition en ces termes : « Son âme pure et bonne s’est envolée au ciel, et c’est bien de lui qu’on peut dire qu’il s’est endormi dans la paix du seigneur ».

 

Son fils devient conseiller d’Etat et digne continuateur de la pensée paternelle. Il laisse un héritage moral considérable à travers nombre d’ouvrages et d’institutions, d’idées écrites et d’actions concrètes.

 

Crèche de Paris - Le point du jour

Sa fille Marie Julie et son gendre Edouard Cintrat (qui fut Ministre plénipotentiaire au début du XXe siècle) ont aussi laissé leur nom à deux avenues de notre commune à quelques dizaines de pas de l'avenue Marbeau.

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