Article paru dans le Plessis-Mag de Novembre 2019
La commune du Plessis-Trévise n’a pas été épargnée par l’hécatombe de la Guerre de
1914-1918. Elle se devait, le moment venu, d’accomplir son devoir de deuil et de
mémoire. Au lendemain de cette Grande Guerre, la plupart des communes françaises édifie un
Monument aux Morts. La loi du 25 octobre 1919, relative à la commémoration et à la glorification
des Morts pour la France, réglemente et encadre ces manifestations patriotiques. Le Plessis-Trévise ne saurait s’y soustraire.
Trois longues années se sont écoulées depuis la fin du conflit,
avant que d’en arriver à ce jour d’inauguration du
13 novembre 1921. Il faut dire que les choses n’ont pas été d’elles-mêmes. Plusieurs points ont animé les ébats. Tout d’abord, il fallait choisir un lieu. Les propositions vont bon train. Pour certains, un monument civique se doit d’être près de la mairie, dans la cour de l’école quand les bâtiments se confondent. C’est le cas au Plessis-Trévise, puisque la mairie se situe encore à cette époque dans le même bâtiment que l’école. Pour d’autres, la proximité de l’église serait plus judicieuse puisque sa fréquentation régulière constitue indirectement un hommage quasi permanent aux disparus.
Mais, finalement, la place Gambetta d’alors (aujourd’hui place
de Verdun) est retenue comme lieu d’édification du monument. L’environnement boisé, lieu
de promenade, de rencontre ainsi que le terminus de l’omnibus
venant de la gare de Villiers-sur-Marne, plaident en sa faveur. L’emplacement bénéficie, par ailleurs, de la longue perspective de la nouvelle avenue de Liège (actuelle
avenue du Général de Gaulle) rendant à cette époque, le monument
visible depuis la place du marché.
Cependant, en janvier 1921, une pétition circule, menée par le président des anciens combattants qui déplore la proximité d’un café-restaurant, lieu de bals, de cinéma, de plaisir de la jeunesse plesséenne et des parisiens. Le choix du cimetière, près des tombes des disparus, leur semble plus approprié. Ils n’auront pas gain de cause. Il faut ensuite décider du monument.
Ce sera une stèle en pierre de Lorraine dite Savonnière, surmontée d’un coq de la Victoire. Agenouillée en façade, une femme, le bras levé, porte dans sa main un rameau d’olivier, symbole de paix. A ses pieds, deux fusils entrecroisés, recouverts d’un drapeau ainsi qu’un casque de Poilu. Sur la face principale, on peut lire « Le Plessis-Trévise, à ses enfants morts pour la France 1914-1918 » inscription surmontée d’une croix de guerre, en bas à droite, la mention : «Ils sont morts en héros». Sur la face arrière, une palme funéraire honore les morts. Les deux faces latérales portent gravé le nom des 37 disparus.
Le choix du statuaire se portera sur René Bristol, membre de la
Société des Artistes français, médaillé du Salon de 1921, prix Bartholdi, prix d’encouragement du
Conseil Général de la Seine. Le choix de ce monument riche en sculptures et en gravures explique
son coût : 25 000 francs.
Le devis du 15 octobre 1921 précise que le transport du monument
d’un poids de 10 tonnes, depuis l’atelier du sculpteur, de Colombes jusqu’au Plessis-Trévise,
nécessite plusieurs voyages par camions automobiles. Il faut alors de toute urgence, assurer le
financement. Dès août 1920, de nombreuses souscriptions sont ouvertes, des quêtes au profit de
l’édification du monument ont lieu lors des mariages, des concerts, des bals, des banquets. Un
Comité sous la présidence de Michel Bony, est constitué. Des tombolas, une vente aux enchères,
sont organisées et même les amendes infligées par le garde champêtre sont affectées au
projet. Les pompiers, la Croix Rouge et bien sûr les anciens combattants mettent la main au
portemonnaie, même si les moyens sont modestes.
Mais, hélas, toutes les sommes collectées ne sont pas suffisantes pour faire face à l’ensemble des travaux. Le conseil municipal du 7 août 1921, sous la présidence du maire Joseph Belin, vote un emprunt à la Caisse départementale pour une durée de dix années et sollicite une subvention de l’État ou du Département. En effet, la loi du 25 octobre 1919 établit le principe de subventions de l’État aux communes « en proportion de l’effort et des sacrifices qu’elles feraient en vue de glorifier les héros morts pour la patrie ». La loi de finance du 31 juillet 1920 fixe le montant de ces subventions suivant un barème très complexe, mais au total peu généreux. La subvention se transformera en une autorisation d’emprunt à contracter auprès du Crédit Foncier de France.
Le Monument aux Morts représente un lieu de mémoire collective. Chaque 11 novembre, les édiles municipales, une délégation des enfants des écoles et leurs enseignants, les représentants des anciens combattants et les habitants rendent fidèlement un hommage aux disparus.