La Tour Pentray

 

Que d’ombres, de mystères, de rumeurs enveloppent cette tour...

Que de paroles dites, que d’écrits qui tous, après recherches, deviennent improbables...

Une origine mystérieuse

En fait, cette tour n’a de moyen-âgeux que son aspect. Elle ne dépendait absolument pas d’un quelconque château féodal. Elle est le pur fruit de l’imagination de Charles Pentray (1865-1921) le propriétaire des lieux.

Elle semble avoir été construite ainsi que la belle demeure dont elle dépendait, à la fin du XIXe siècle, par conséquent approximativement à la même époque que le Château des Tourelles. Elle correspond tout à fait à la mode architecturale du moment.

 

1907 - La Tour Pentray

 

Sur certaines cartes postales, elle est dite «Tour du château de Pierrefort ». La rumeur populaire prétendait que Charles Pentray était originaire de ce village du Cantal et qu’il avait importé des pierres de son pays pour bâtir cette tour. Mais, il n’en est rien : après enquête, le nom de Pentray est inconnu dans cette région, d’autant plus que Charles Pentray est né en région parisienne à Asnières ! Par ailleurs, cette tour est bien construite en pierres de pays, mais, semble-t-il, avec des pierres meulières des carrières du Plessis-Trévise... les conditions de transport paraissent beaucoup plus évidentes ! Charles Pentray était à la tête des plus importants chantiers de charbon de la ville de Paris. Aussi, la légende du « bougnat auvergnat » ayant fait fortune eut tôt fait de se répandre ! d'autant qu'il y avait, en cette fin de 19e siècle/début 20e siècle, sur le territoire communal, une forte communauté auvergnate.

 

 

Selon d’autres rumeurs, l’origine de cette appellation viendrait du faite que les époux Pentray avaient acquis aux enchères divers pièces de mobilier, tableaux et objets en provenance du château de Pierrefonds dans l’Oise et non de Pierrefort dans le Cantal et que, sur une boutade, Charles Pentray aurait dit «  Eh bien ! nous voici désormais installés au Château de Pierrefonds ! ». Le mystère reste entier car Charles Pentray a maintenu la dénomination de "Château de Pierrefort" en en-tête de ses courriers...  (voir correspondance ci-dessus).

 

D’autres légendes ont couru pour justifier la construction de cette tour : querelle de voisinage par exemple. Difficile d’y croire ! Le parc boisé s’étendait sur près de 5 ha, et de plus, Charles Pentray était également propriétaire de terres environnantes ainsi que d’une grande partie de Bois l’Abbé. Par conséquent, les voisins étaient bien loin !

 

Il est possible qu’elle ait pu servir de gué pour la chasse aux canards, nombreux dans les mares et taillis qui couvraient alors Bois l’Abbé. 

On dit également qu’elle aurait été utilisée par les Résistants comme point d’observation de la Nationale 4 durant la Seconde Guerre mondiale. Les plans aériens de l'Institut National Géographique de ce secteur en date de 1948 montrent, en effet, un vaste espace non bati au sud de la tour (actuel quartier du Bois l'Abbé sur la gauche - commune de Champigny-sur-Marne, Terrains de la ferme des Bordes sur la droite) laissant l'horizon dégagé.

 

Vue aérienne IGN 1948 .

En 1944, Claude Hamon, une élève de Mme Salmon, la directrice de l'école communale, écrivait : 

"...les héritiers de M. Pentray voulurent faire abattre la Tour mais l'Etat-Major de l'Armée de Paris interdit cette démolition. Cette tour étant très haute, la plaine s'étendant à ses pieds, elle est un point d'observation pour les soldats qui voient les ennemis arriver de loin. Deux tombereaux de fer sont entrés dans sa construction." 

 

La tour de nos jours

La tour reste aujourd’hui, un modeste mais fier vestige d’un certain passé face aux immenses tours d’habitation environnantes.

 

La Tour Pentray, abandonnée aux pigeons, a fait l’objet d’une restauration en 2014. Le toît a été clos pour éviter à la pluie de s'infiltrer et aux pigeons d'y établir leur résidence. Le muret passant devant la tour a été détruit puis reconstruit en arrière de la tour. Des grilles en provenance du Château de la Lande y ont été intégrées. Le site a été mis en valeur par l'ajout d'une surface pavée, de massifs plantés et la tour s'illumine désormais la nuit ...

Ainsi, elle domine toujours fièrement l’entrée de la ville.

  

 

A noter que l’architecte, qui a élaboré les plans des immeubles qui lui font face, a eu l’ingénieuse idée de lui faire un pendant moderne des plus esthétiques. Notons également que, le 1er juillet 2005, le Conseil municipal du Plessis-Trévise a attribué le nom de "Place Pentray" à la place située chemin de Bois l'Abbé, desservant ce lotissement.

 

                                                La Tour et l'actuelle avenue de Coeuilly vers 1920  

 

"...Pour parvenir au Plessis, à la Tour Pentray, c'était une promenade bien agréable, les quelques parisiens amoureux de la campagne chantaient tout le long du chemin... nous étions dans la nature, au milieu des champs et des vergers... de la verdure partout, de la vie, des lapins de garenne que l'on voyait souvent traverser le chemin... maintenant quand il m'arrive de passer cette grande avenue du Bois l'Abbé, large de 28 mètres de bitume...Je pense à mon petit chemin...  Quel heureux souvenir ! " (Daniel Charpentier 1983)

 

Quelques mots sur Charles Pentray

Charles Pentray est né le 20 juin 1865 à Asnières (92). Il se marie le 17 novembre 1897 à Asnières avec Louise Clotilde Collet. Le 25 juin 1900 les deux époux divorcent. Charles Pentray décèdera brutalement le 2 novembre 1921 à l'âge de 56 ans, en son hôtel particulier du quai de Jemmapes à Paris. Il sera inhumé au cimetière de Belleville.

Il aura fait toute sa carrière à Paris en tant que négociant en charbons. Au sommet de sa carrière, Il est dit à la tête des plus importants chantiers de vente de charbon de la ville de Paris. Il est alors propriétaire des immeubles et biens quai de Jemmapes ainsi que des péniches, charettes et chevaux nécessaires à son activité.

Sa résidence principale est, par conséquent, à Paris où il possède également un hôtel particulier, rue Fessart.

 

A la fin du 19e siècle, Il avait achèté d'immenses terrains sur Chennevières-sur-Marne outre sa propriété de près de 5 ha. L'histoire fera que la plupart de ces propriétés seront par la suite rattachée à la commune du Plessis-Trévise.

A cette époque, il fait donc partie de ces riches possesseurs de grandes propriétés qui ont activement œuvré au sein du « Syndicat des Intérêts Généraux de Plessis-Trévise » afin d’assurer l’indépendance du hameau, puis d’y développer une certaine qualité de vie. Il sera élu Conseiller municipal.  

 

Le 16 mars 1913, un nouveau Bureau de Postes ouvre ses portes, avenue de Champigny (actuelle avenue du Gal Leclerc). Ce lien de communication avec ses activités parisiennes est, de toutes évidences, du plus grand intérêt pour Charles Pentray. Dès le 21 mai 1913, il soumet au Maire et aux Conseillers municipaux, une demande de départ de courrier supplémentaire vers Paris. Il se fait également le porte-parole de nombreux habitants qui souhaiteraient que le Bureau de Postes soit ouvert de midi à 2 heures (14 h) la semaine comme dans les communes voisines. Il suggère également l'ouverture du bureau de Postes les dimanche et jours fériés.

Puis, le 7 juin, il demande par un courrier-pétition (signé par 23 personnes) qu'une boite postale soit installée dans l'avenue de Chennevières afin de désservir un côté délaissé, di-il, de la commune. Il propose que cette boite soit fixée sur le mur de sa propriété. Sachant que les ressources de la commune sont fort restreintes, il offre de payer le montant de cette installation.  

 

Bienfaiteur, il a fait de nombreux dons de biens à la jeune commune et a soutenu activement diverses associations culturelles ou sportives.

En date du 4 février 1915, Charles Pentray (chez qui sont entreposés habituellement les instruments de musique de la fanfare "Tambours et clairons  L'Alerte") avise le maire du Plessis-Trévise que Jean Mafille, le responsable de l'association, étant mobilisé depuis 6 mois, la fanfare est en suspens. En conséquence, il souhaiterait faire transporter les instruments de musique en mairie pour plus de sécurité et ainsi s’en dégager la responsabilité.(voir notre article " Tambours et clairons" )    

   

En 1916, il est mentionné en tant qu'adhérent de la "Société de Tir La Vaillante" en compagnie, entre autres, de Paul Blancan, le propriétaire du Château des Tourelles. (Voir notre article "La Vaillante")

 

Naturellement, il a fourni du charbon gracieusement durant la Grande Guerre, à l’école, aux bâtiments publics ainsi qu’aux Plessissois.   

Jusqu'en 1977, la propriété Pentray est une très vaste propriété boisée comme le montre la vue aérinne ci-dessous en date de 1973 (Source IGN). A la mort de Charles Pentray en 1921, elle continuera d'être occupée par ses enfants Charline et Charles. Puis, au cours des années 1950, Charles junior partira vers d'autres destinations mais Charline restera dans cette propriété jusqu'à sa vente en 1968.

 

 

IGN 1973 - Le point rouge localise la tour. Le figuré bleu, les limites de la propriété. En haut à gauche le Bois l'Abbé

 

A partir des années 1977 et suivantes, ce vaste espace va laisser place à un lotissement de 64 maisons dénommé "Le hameau du vieux chêne", tout en prévoyant la conservation de nombreux arbres.

 

1967 - Vieux chêne à l'entrée de la propriété Pentray
Source : Google
1988 - La Tour et le lotissement du Vieux chêne
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