Au début du XXe siècle, les harmonies-fanfares issues des orchestres de musique militaire, se multiplient. Les conscrits, formés dans des ensembles au sein de leur régiment, pratiquent la musique quotidiennement durant les années de leur incorporation. De retour dans leurs villages, ils perpétuent cette pratique musicale et souvent initient les plus jeunes.
La toute nouvelle commune du Plessis-Trévise se devait de fonder sa propre fanfare.
Ce sera chose faite en 1901 à l’initiative et sous la direction de Louis Mafille, l’épicier-fruitier de l’avenue de La Queue-en- Brie, situé face au bal de la Renaissance. Le 16 avril 1907, le journal « XXe siècle » nous avise que M. Boucher en assume désormais la direction. Une modification des statuts semble avoir été déposée le 1er mai 1909.
La musique va alors bon train, accompagnant discours et défilés patriotiques, mais aussi toutes les manifestations artistiques et de gymnastique de « La Vaillante ».
Ainsi, le 2 juillet 1911, une matinée artistique, au bénéfice de la fanfare, est organisée dans la salle des fêtes tout nouvellement inaugurée. Un allegro militaire ouvre solennellement le programme, diverses scénettes théâtrales se succèdent, avant que la fanfare interprète plus légèrement à l’entracte et à la clôture, un boléro espagnol.
Toutefois, la Grande Guerre approche à grands pas.
Le 4 février 1915, Charles Pentray, chez qui sont entreposés habituellement les instruments de musique, avise le maire du Plessis que Jean Mafille étant mobilisé depuis 6 mois, la fanfare est en suspens.
En conséquence, il souhaiterait faire transporter les instruments en mairie pour plus de sécurité et ainsi s’en dégager la responsabilité.
Le 12 octobre 1915, la Fanfare reçoit un agrément du Ministère de la Guerre en tant que « Société de préparation militaire ». N° agrément : 7227
Elle s’apparente tout à fait à « La Vaillante, Société de gymnastique et Tir », dont il est question dans une autre rubrique. Toutes deux ont été créées à la même époque, certains de leurs membres sont les mêmes, elles partagent des statuts identiques, elles ont reçu toutes les deux l’agrément du Ministère de la Guerre en tant que « société de préparation militaire » et ont le même but : transmettre des valeurs patriotiques auprès des jeunes générations, l’une par la pratique de la gymnastique et l’autre par la musique.
A cette époque, la diversité instrumentale est souvent due à la difficulté de trouver l’ensemble des musiciens nécessaires à la réalisation d’un orchestre structuré. C’est ainsi que la fanfare du Plessis fait appel à des instruments nombreux mais quelque peu hétéroclites, principalement des cuivres : bugles, contrebasses, barytons, trombones, quelques bois, notamment des saxophones et pistons mais aussi des instruments d’ordonnance : tambours et clairons. Ces derniers qui formaient généralement la batterie d’une musique militaire, ont longtemps été appelés de manière populaire « la clique ».
Le 10 décembre 1920, la fanfare se structure. Les statuts d’une nouvelle association, portant le nom de « Société des tambours et clairons L’Alerte », sont déposés en préfecture.
Le 24 avril 1921, « L’Alerte » est officiellement déclarée au Journal Officiel, sous la direction de Georges Vilette. Elle est alors constituée de 53 membres honoraires, 19 membres actifs et 6 pupilles.
Elle se montre très active au cours de ces années 1921-1922, participant à de nombreux concours, remportant maints prix notamment à Nogent-sur-Marne et dans la capitale.
Dans cet esprit, L’Alerte rythmera durant des décennies la vie des plessissois, à la fois martiale lors des commémorations, et joyeuse et toujours fraternelle, bannière en tête, lors des défilés des fêtes du Muguet de 1926-1927, des réunions de la Sainte-Barbe au restaurant du Faisan Doré puis de la fête communale de la Saint-Jean.
Cependant, cette fanfare connaitra bien des soubresauts administratifs. En effet, si une nouvelle association portant le nom de « L’Alerte du Plessis-Trévise » est fondée en 1926, elle est déclarée dissoute le 30 novembre 1928 !
Il faudra attendre presque vingt ans, le 27 avril 1947, pour que de nouveaux statuts soient déposés en préfecture avec l’unique but « d’enseigner la musique aux jeunes gens et de leur procurer des distractions par des sorties entre eux et par des participations à des concours de musique ».
Mais, à nouveau, sans que nous en connaissions la raison, elle restera en sommeil un certain temps, avant qu’en 1963, des nostalgiques veuillent, en vain, ressusciter cette fanfare qui reste encore aujourd’hui si chère à nos anciens.