La manufacture de Faux-Cols

                    et Manchettes

 

Alexis Quirin

Alexis Quirin, né le 15 avril 1842 à Saint-Dié, dans les Vosges, sera le premier à introduire en France le procédé dit de « glaçage américain » du linge. On l’imagine volontiers originaire d’une famille trempant dans les métiers du textile depuis plusieurs générations et baignant dans une région traditionnellement dédiée à cette industrie.

La méthode dont il s'inspire et qu'il met au point va lui assurer son avenir. En cet après-guerre de 1870, C’est donc un tout jeune chef d’entreprise d’une trentaine d’années qui fonde la « Fabrique de Faux-Cols et manchettes », en association avec Octave Garnot. Le siège social est situé à Paris, 9 rue Beauregard, domicile de son fondateur. Cependant, Alexis Quirin était déjà propriétaire à cette époque d’une belle et imposante résidence au centre de la commune de Villiers-sur-Marne. Plein d’ambition, il va s’investir dans la vie municipale et sera rapidement élu maire. Il y exercera deux mandats, l'un de 1881 à 1888 et l'autre de 1892 à 1909.

Profitant de l’opportunité de vastes terrains disponibles au hameau de Plessis-Trévise, qui plus est, en bordure du canal, lui permettant de bénéficier d’eau en abondance afin de développer son activité, il y installe ses ateliers. Le succès ne se fait pas attendre. En 1878, la « Blanchisserie modèle - nouveau procédé au Plessis-Trévise S&O » est dignement représentée à l’Exposition Universelle de Paris. La fabrique se trouvait avenue Ardouin, à peu de chose près, à l'emplacement de l’actuelle médiathèque Jacques Duhamel.

La Manufacture des faux-cols (au fond le Château de La Lande)

La manufacture occupe près de 9 000 m² et englobe toutes les tâches liées à la réalisation et à la diffusion de la production des manchettes et des faux-cols. Cela va de la blanchisserie en passant par la salle de savonnage et d’apprêt puis au repassage et au décatissage (opération consistant à donner aux tissus leurs dimensions définitives par action de la vapeur). A cet ensemble de production s'adjoignent un laboratoire, un atelier de coupe, un atelier de fabrication de cartons, un atelier d’emballage, un magasin d’expédition, des réserves et des remises. On doit y ajouter une écurie car naturellement à cette époque l'unique et écologique moyen de transport était hippomobile. A tous ces bâtiments à usage professionnel, s’ajoutaient des logements pour le contremaître et le mécanicien.

En face de la fabrique, sur un terrain d’environ 3 600 m², on note une innovation remarquable en terme social et en avance sur l'époque. Elle consiste en l'édification d'une « Cité des Fleurs » composée de deux villas ouvrières juxtaposées, comprenant chacune un rez-de-chaussée élevé sur sous-sol et un comble habité, qui ont pour vocation de loger les salariés.

La fabrication des faux-cols nécessite en effet de nombreuses étapes de manutention qui emploient une main d’œuvre importante. Une grande partie de la population active du hameau y travaille.

En 1899, 50 personnes y sont employées. Le personnel est pour l'essentiel constitué de femmes que l’on appelait ici « les faux-colières ». Elles sont blanchisseuses, repasseuses, boutonniéristes, cartonnières ou mécaniciennes. Ces dernières partagent leur travail avec les hommes qui sont plus spécialement voués aux activités de coupe. Il est à noter que quelquefois toute la famille y travaille : les parents, mari et femme, mais aussi les enfants légalement embauchés dès l’âge de 12 ans.

 

 

En 1899, une blanchisseuse gagne entre 2,50 et 3 francs pour une journée de travail de 12 heures, pendant 6 jours par semaine, toute l’année. A cette époque, un logement de 3 pièces se loue environ 26 francs le mois, ce qui représente un tiers d'un salaire mensuel. Un petit corsage en satinette coûte entre 3,50 et 4,50 francs, soit plus d’une journée de travail.

Dès 1890 et les années suivantes, Alexis Quirin toujours attentif au bien-être et à la sécurité de ses employés, sera récompensé d’une médaille d’argent, par la « Société de Protection des Apprentis et des Enfants employés dans les manufactures ». Cette distinction venait récompenser les manufacturiers et industriels ayant créé dans leur établissement des institutions en vue de faciliter l’apprentissage, d’assurer la santé et l’instruction tant générale que spéciale ou professionnelle aussi bien que la moralité et l’avenir des apprentis et jeunes ouvriers.

Mais, toute mode n'a qu'un temps et les faux-cols comme d'autres choses ne survivront pas à la Grande Guerre. Les conflits sont souvent l'occasion de bouleversements petits et grands, la mode n'y échappe pas. Dès 1909, Alexis Quirin est contraint de vendre la manufacture après une trentaine d’années d’une exploitation florissante. Son mandat de maire de Villiers-sur-Marne prendra fin cette même année. Un certain Leroux tentera vainement de maintenir en activité l’établissement durant quelques temps mais avec un succès éphémère. Le 16 mars 1915, Alexis Quirin décède, sonnant le glas de la manufacture de faux-cols et manchettes de Plessis-Trévise.

Galerie rétro

 

 

 

Version imprimable | Plan du site
© 2015-2025 SHPT - Mémoire-du-Plessis-Trévise.fr