Tiens, V'là le facteur

 

 

Le Facteur (des Postes) est entré dans la culture populaire. Facteur de ville, facteur rural, fonctionnaire puis salarié, pendant des décennies, il a été un personnage attachant. C’était celui que l’on attendait avec impatience, qui partageait les joies, les peines, celui qui pouvait lire le courrier aux illettrés, voire les aider à y répondre. Il avait aussi la grande responsabilité de convoyer les fonds pour le paiement des mandats, des pensions de retraite ou d’allocations familiales.

 

Durant la première moitié de 20e siècle, les conditions de travail sont particulièrement difficiles, dues à l’abondance du courrier (on écrit beaucoup à cette époque) mais aussi à la durée quotidienne du travail et au chemin à parcourir à pied ou à vélo (payé par lui-même), quelles que soient les conditions climatiques.

 

Un facteur rural en tournée

 

A partir de 1902, au Plessis-Trévise, Jules Weiss cumule les fonctions de Facteur et de Receveur, c’est-à-dire qu’il assure le fonctionnement du Bureau postal et téléphonique ainsi que deux tournées de distribution de courrier par jour, y compris le dimanche et les jours fériés. Sa fonction de receveur lui permet de disposer d’un logement sur place. Son épouse, Alice née Reboulet, l’assiste afin d’assurer une permanence au bureau durant les tournées, contre une petite rémunération de la Direction des Postes.

 

En mai 1903, il est chargé, en complément du courrier, de la distribution des messages téléphonés dans toute la commune, moyennant la somme de 500 francs par an. Au mois de juillet suivant, le coiffeur M. Martin et Mme Montpellier, voisins du Bureau de Poste seront accrédités à l’aider, en contrepartie d’une petite indemnité.

 

Carte postale Le Plessis-Trévise Septembre 1905

 

Au mois de mai 1909, une rétribution de 1 franc par heure et par jour est allouée au receveur, pour l’ouverture du bureau les dimanches et jours fériés de 2 à 5 heures du soir.

 

En 1913, un 3e facteur auxiliaire est engagé. A cette même époque, Jules Weiss, toujours fidèle à sa charge de Facteur-Receveur, propose à l’administration, l’établissement d’un circuit téléphonique direct avec Paris (Le Plessis était alors dépendant du réseau de Villiers-sur-Marne) le nombre des abonnés augmentant de façon régulière. Les abonnés au téléphone sont alors au nombre de 29. Les ressources de la commune étant très faibles, le receveur suggère de solliciter les abonnés pour une avance remboursable des frais.

 

Mme Inès Renault évoque ses souvenirs des années 1936-1945 au sujet du facteur Félix (son prénom était Adolphe, mais en cette période particulière, il préférait qu’on l’appelle par son nom de famille…) :

 

 

« Tout comme notre garde-champêtre, le facteur avait les pieds plats ( !). Il était grand, assez maigre. Il portait un uniforme, une casquette marine et des leggings bien entendu, avec des chaussures montantes.

Sa bicyclette était des plus simples. Elle supportait son poids ainsi que celui de la musette du courrier. Il fallait compter la journée pour la distribution.

On le voyait mettre pied à terre de nombreuses fois et s’entretenir avec les habitants. Peut-être leur donnait-il des nouvelles fraîches du contenu de sa musette ? Qui sait ? Il arrivait parfois avec une carte postale à la main, qu’il parcourait des yeux et à quelques mètres de distance, il annonçait son contenu : elles ou ils vont bien…ou… elles ou ils arrivent à telle heure par le train de telle heure…Ne croyez-vous pas que c’était sympathique tout cela ? C’était si aimable de la part de cet homme qui participait à la vie du pays, nous rassurant sans plus attendre. Et puis, pensait-il peut-être nous rendre service.

 

Il était facteur donc il avait son Certificat d’études, ce n’était pas donné à tout le monde ! Le brave homme se réjouissait d’annoncer les bonnes nouvelles avec un grand sourire.

Où sont-ils tous ces Félix d’autrefois, en qui nous avions une entière confiance ? Vraiment le monde change et nous regrettons notre vieux Félix, car au moins lorsque nous égarions une lettre et cherchions la date de réception, Félix nous renseignait. Il se souvenait, bien mieux que nous, de nos voyages, des pays que nous avions visités. Il était précieux notre Félix ! »

 

Au début des années cinquante, le facteur portait un képi bleu foncé à passepoil rouge, une veste et un pantalon en drap bleu foncé.

Le 21 décembre 1957, tout changea : on ne devait plus l’appeler facteur mais préposé… La casquette remplaçait le képi et il avait désormais une tenue gris-bleu. De plus, il avait une mobylette et n’avait plus le temps de faire la conversation.

Jusqu’aux années 1960, les femmes étaient affectées exclusivement au tri, aux opérations d’acheminement à l’arrière ou au guichet du Bureau de Poste. Il faudra attendre la loi de 1975 pour que le concours de Facteur leur soit ouvert et qu’elles deviennent véritablement Factrices et titulaires de leur tournée.

En 2007, le métier comprenait plus de 45 %  de femmes.

 

 

En 2023, le facteur continue toujours de servir la population française. Mais la quantité de courrier a drastiquement diminué et en ville, il ne reste plus beaucoup de monde pour attendre l'arrivée du facteur. Ses moyens de travail ont évolué avec le temps; il se déplace désormais à vélo électrique dans nos villes et en voiture dans nos campagnes... Au moment des fêtes de fin d'année, il vient encore frapper à notre porte pour nous proposer l'éternel calendrier des postes.

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