En 1873, Eugène Paz fonde l’Union des Sociétés de Gymnastique de France (USGF).
Cet organisme gère la gymnastique masculine et s’est donné pour but « de développer l’éducation physique par la pratique des exercices gymnastiques et de contribuer ainsi, dans la mesure de ses moyens, à l’accroissement des forces défensives du pays en préparant le plus grand nombre possible de robustes et vaillants défenseurs».
En effet, la déroute de 1870, face aux prussiens, est encore profondément gravée dans les mémoires. Les sociétés de gymnastique de cette époque, sont très proches des associations patriotiques. Lors de son congrès fédéral de 1888, l’USGF rappelle que, toutefois, conformément à ses statuts, elle doit rester étrangère aux questions d’ordre politique.
A la fin du 19e siècle, plus de 250 sociétés de la sorte sont recensées. Elles portent bien souvent des noms à consonance militaire tels que « Société de Gymnastique et d’Armes », « La Patriote », "La Fraternelle", "L'Avenir", « La Gaillarde », "La Défensive"… ou encore « L’Avant-Garde » comme à Villiers-sur-Marne. « Le petit journal » ne manquera pas d’informer la participation de cette dernière aux traditionnelles fêtes du hameau de juillet 1876 par des démonstrations de gymnastique et de juillet 1883 par un concours de tir au fusil avec prix.
Au Plessis-Trévise, une de ces sociétés sera active dès les premières années de la création de la commune : « La Vaillante, Société de Gymnastique, Education physique et Tir ».
On retrouve, dans ses statuts, la continuité du caractère patriotique : l’article 1 précise « Nul ne peut faire partie de la société s’il n’est français » ; l’article 30 indique « en cas de dissolution de la Société, l’avoir social ne pourra être employé que pour la propagation de la gymnastique en France ou pour une autre œuvre patriotique d’éducation physique ou de musique ».
Elle est constituée de membres fondateurs, de membres d’honneur, de membres donateurs et de dames membres honoraires. Elle est administrée par un comité de 8 personnes « français, majeurs et jouissant de tous leurs droits civiques et politiques ». Son président est le capitaine Paul Baron, propriétaire avenue de la Maréchale.
Les membres d’honneur sont nommés par l’Assemblée Générale au scrutin secret, à la majorité des deux tiers. Pour être membre d’honneur, il faut avoir rendu à la société ou à la cause de l’éducation physique de grands et notables services.
Pour devenir membre donateur, il suffit de verser au moins cinquante francs. Les dames souhaitant « encourager l’œuvre de la Société » sont inscrites comme Dames Membres Honoraires.
Les conditions d’admission des Membres Actifs titulaires sont très réglementées : il faut avoir 17 ans, avoir assisté à 4 séances d’exercice, avoir versé son droit d’inscription de 2,50 francs et sa première cotisation, et enfin être admis par l’Assemblée Générale, à la majorité d es deux tiers des membres présents.
Les jeunes de moins de 17 ans sont admis au titre de Membres Pupilles. A 17 ans, leur admission comme Membres Actifs doit être confirmée par l' Assemblée Générale.La cotisation annuelle des membres honoraires est de 5 francs. La cotisation mensuelle des membres actifs et des pupilles est de 50 centimes. Gageons que bon nombre de jeunes de la commune adhèrent à "La Vaillante". On y trouve entre autres, Albert Arnoux qui sera, hélas, un de nos premiers Poilus à perdre la vie lors de la Grande Guerre. Mais, aussi René Mousse, futur pompier volontaire puis capitaine.
Ci-dessous, les statuts de la Vaillante rédigés dans un petit cahier. Source AD94.
Les gymnastes effectuent des démonstrations à l’occasion de fêtes dans les communes avoisinantes et participent avec succès à différents concours locaux, ce qui leur vaudra une 1ère place à Sucy-en-Brie en 1913, puis une 2e place en 1915 à Villiers-sur-Marne. Eugène Deltour, dont l’hôtel-restaurant du Faisan Doré a façade sur la place des fêtes du Plessis-Trévise, ne manquera pas d’encourager ces démonstrations sportives et de les mentionner sur ses cartes publicitaires.
En 1915, La Vaillante demande son agrément au Ministère de La Guerre "afin d'être admise à participer aux avantages et récompenses que peut accorder son administration".
Sollicité sur le but réel de cette association et sur les tendances politiques de ses membres dirigeants, le Préfet de Seine-et-Oise répond, le 1er octobre, au Ministère de l’Intérieur que « l’association a pour but l’enseignement de la gymnastique, du tir et l’éducation physique des jeunes gens » et que « l’attitude des membres dirigeants étant républicaine », il émet un avis favorable.
Le 12 octobre 1915, "La Vaillante" devient dès lors une Société de Préparation Militaire, selon l'agrément
n° 7287 du Ministère de la Guerre. Elle se réunit quatre fois par semaine sous la direction d’un sergent, ancien élève de l’école de gymnastique de Joinville-le-Pont. Elle est dotée de deux fusils de 1874 et d’un de 1886, d’une carabine et de fausses grenades. Elle s’entraine sur le stand de Villiers-sur-Marne et dans la salle des fêtes du Plessis-Trévise ou à la mairie. Elle dispose de matériel de jeu et de gymnastique, de l'échelle des pompiers, du portique couvert et des agrès.
Deux élèves sont reçus au brevet d’aptitude militaire en 1917 et deux autres en 1923.
Elle est affiliée sous le matricule 3205 auprès de "La Prudente", société d'assurance dont le siège social est rue Drouot à Paris, et qui a été créée par l'Union des Sociétés de Tir de France pour "permettre aux sociétés qui lui sont affiliées de se mettre à l'abri des accidents toujours possibles malgré les précautions les plus minutieuses". Selon le même article, "Les primes ont été calculées à des taux excessivement réduits afin de faciliter l'assurance de leurs risques aux sociétés nouvelles dont les ressources sont presque toujours modestes, tout en leur donnant les mêmes avantages qu'aux sociétés les plus fortunées"...
Source : extrait de la revue "Le Tir National" du 19 mai 1917.
Parmi les membres de l'association cités ci-dessus, figurent quelques personnalités de la jeune commune : Paul Blancan, propriétaire du château des Tourelles, M. Coulomb, directeur de l'Ecole des garçons et aussi Charles Pentray.
En tant que société de tir, "La Vaillante" est habilitée à manipuler certains types de matériel comme des grenades et des munitions. L'avis d'expédition ci-dessous daté du 26 mars 1918 concerne l'envoi d'une caisse de grenades Besozzi inertes du Parc d'artillerie de Vincennes vers la Société de Préparation Militaire "La Vaillante". Le signataire de la livraison est le capitaine Paul Baron, président de la Société.
En incrustation sur l'avis d'expédition, un exemple de grenade Besozzi modèle 1915.
A la fin de la guerre, le Maire intérimaire Jules Alinot indique au Préfet que l’association est encore active et qu’elle envisage de se réorganiser.
En 1924, Paul Baron est toujours président ; 50 membres honoraires et 41 membres actifs sont déclarés.
Mais, en 1926, "La Vaillante" est rayée des listes des Sociétés agréées par le Ministère de l’Intérieur et le 23 octobre 1928, le Maire du Plessis-Trévise précise au bureau militaire de la préfecture de la Seine & Oise que l’association a été dissoute.
En 1914, 1 100 sociétés adhéraient à l’USGF. Leur constitution a eu le mérite de mettre à l’honneur les gymnastes français dans les compétitions internationales du début du 20e siècle. Après la première guerre, l’activité sportive de ces sociétés devient prédominante.
En 1942, un regroupement est opéré entre l’USGF et la FFFGEP (Fédération Féminine Française de Gymnastique et d’Education Physique) donnant naissance à la FFG (Fédération Française de Gymnastique).