La Poste - Episode 1- 

Le premier bureau de poste - un bureau temporaire

 

 

Dès la création administrative de la commune du Plessis-Trévise le 7 juillet 1899, la nécessité de l’installation d’un Bureau de Facteur-Receveur des Postes s’impose. Jusqu'à cette date, le hameau de Plessis-Trévise était desservi par un facteur de Villiers-sur-Marne. Mais s'attendait-on à rencontrer autant de tracasseries administratives pour y arriver ! Il faudra en effet près de 2 ans de démarches pour que le premier Bureau de Postes du Plessis-Trévise ouvre ses portes.  De quoi rajouter un nouveau sujet de préoccupations dans ces années compliquées où tout était à mettre en place au niveau communal !   

 

 

Le 31 janvier 1901, le député de la circonscription adresse au maire de la commune un courrier par lequel il se déclare favorable à l’installation d’un bureau de Facteur-Receveur des Postes au Plessis-Trévise. Il précise que l’État prendra en charge les frais d’acheminement du courrier depuis la gare de Villiers S/Marne jusqu’au bureau des Postes, dans une limite de 600 francs. Le facteur-receveur distribuant les lettres dans la localité, le bureau sera, par conséquent, fermé durant sa tournée. Toutefois, s’il est demandé un bureau télégraphique ou téléphonique, la femme du facteur-receveur garderait le bureau des Postes ouvert et serait payée par la commune (200 francs minimum d’indemnité). Les frais d’installation télégraphique et téléphonique restent à la charge de la commune. 

 

 

Le 21 avril, le Conseil municipal, sous la présidence du maire Gustave Dupont, donne son approbation pour la création d’un bureau de facteur-receveur ainsi que d’un bureau télégraphique et téléphonique. Un crédit de 1 000 francs est voté au budget additionnel communal de l’année 1901, justifié par la construction d’une ligne téléphonique de Villiers-sur-Marne à Plessis-Trévise et l’installation de la cabine téléphonique et de ses appareils. Le Conseil municipal s’engage à assurer la distribution gratuite des télégrammes dans un rayon de  1 500 mètres.

 

Différentes décisions vont être prises dans les mois suivants par les autorités concernées :  

25 avril 1901 

Le Ministère des Postes et télégraphes confirme la mise en activité d’un bureau des Postes provisoire.

24 mai 1901

La direction des Postes et Télégraphes confirme la concession d’un bureau téléphonique et télégraphique relié à Boissy- Saint- Léger associé avec Chennevières.

28 mai 1901

La sous-préfecture de Corbeil confirme la création d’un bureau préliminaire des Postes et des télégraphes et fixe l’indemnité redevable à la commune de Chennevières pour le prolongement de la ligne télégraphique.

12 juillet 1901

La préfecture de Seine & Oise confirme l’établissement d’un bureau téléphonique sur la commune du Plessis-Trévise.

26 octobre 1901

La préfecture de Seine et Oise confirme l’ouverture d’un bureau télégraphique sur la commune du Plessis-Trévise.

25 novembre 1901

La direction des Postes et télégrammes de Seine et Oise demande au Maire de lui fournir divers renseignements concernant la personne chargée de la distribution des télégrammes dont :

- Nom profession de la personne, montant du salaire alloué

- Distance qui sépare le bureau du domicile du facteur

- Mesures concertées en vue d’un remplacement de ce facteur en cas d’absence ou de maladie accompagnées de certificats attestant que les candidats sont de bonne vie et mœurs ainsi que de nationalité française

- Zone de distribution des télégrammes

- Croquis du local proposé pour l’installation du bureau.

 

12 décembre 1901

Le Maire du Plessis-Trévise communique au directeur des Postes de Seine-et-Oise le plan et le devis pour l’installation des bureaux de Poste d’ordre secondaire et pour le logement des titulaires.

 

Le saviez-vous ?

Dès le 18e siécle, l'habitude est prise en fin d'année par les facteurs de présenter un calendrier contre des étrennes. L'almanach contient alors des informations obligatoires sur le service postal et télégraphique. Son contenu évoluera au fil du temps et rythmera la vie de bien des français au 19 et 20e siècle. Il est toujours diffusé à ce jour.

 

3 janvier 1902, l’autorisation de construction d’un bureau télégraphique est enfin publiée au Journal Officiel. 

 

9 janvier 1902

Le Conseil municipal, sous la présidence du maire Gustave Dupont, prend acte de l’accord de l’administration des Postes pour la création d’un bureau téléphonique à Plessis-Trévise et de son invitation à commencer le versement des fonds nécessaires.

En conséquence, le Conseil municipal met à l’étude le choix d’un emplacement provisoire en attendant la construction d’un bureau définitif dont les annuités d’emprunt contracté à cet effet, devront être égales au prix d’une location qui laisserait la commune propriétaire à l’expiration de l’emprunt.

 

7 juin 1902

Courrier de la direction des Postes et Télégraphes au Maire du Plessis-Trévise concernant l’installation d’un bureau de facteur-receveur, précisant que le maire devra se mettre en rapport avec un inspecteur et avec le propriétaire des lieux pour l’aménagement et les conditions de la location. Diverses pièces devront être fournies à l’appui de la proposition de location dont :

1° un projet de bail

2° un plan complet de l’immeuble et de ses dépendances indiquant l’orientation et la hauteur des pièces sous plafond

3° un plan de la commune indiquant l’emplacement du local proposé et des principaux établissements publics

4° un certificat municipal attestant la convenance du local au point de vue situation

5° un certificat médical faisant état de la salubrité de l’immeuble

6° un extrait de la délibération du Conseil municipal nous autorisant à entrer comme partie contractante du bail pour garantir le paiement de la part de loyer incombant à la commune.

 

 

21 juin 1902

Un plan projet de construction d’un bureau de Postes et télégraphes avec logement du receveur au-dessus,  en prolongement de l’École communale et de la mairie, avenue Gonzalve, est proposé.

 

13 juillet 1902

Courrier du sous-préfet de Seine & Oise au maire de Plessis-Trévise  indiquant « que l’établissement de facteur-receveur des Postes sera mis en activité le 16 septembre courant ».

20 juillet 1902

Le Maire, Jules Nivette, porte à la connaissance du Conseil municipal l’accord du directeur des Postes et Télégraphes en date du 16 juin 1902 et l’arrêté du 31 mai dernier, portant accord pour l’ouverture d’un bureau de facteur-receveur à Plessis-Trévise.

 

Il fait connaitre que M. Lepère est disposé à louer son immeuble, 36 avenue Gonzalve,  moyennant le prix de 400 francs par an. Un projet de bail entre la commune et M. Lepère est proposé, étant entendu que l’État n’alloue que 150 frs par an pour le loyer, la commune devant donc payer un complément de 250 frs et faire les aménagements nécessaires pour établir le service.

Le conseil municipal approuve à l’unanimité et autorise M. le Maire à traiter avec M. Lepère dans les conditions stipulées dans le projet de bail et de faire exécuter les travaux nécessités pour l’installation du bureau pour le 20 août afin que le service puisse fonctionner pour le 1er septembre. Il est entendu que les services télégraphiques et téléphoniques ne pourront être mis en activité que lorsque le bureau sera installé dans le local définitif, le 1er septembre 1903, selon l’engagement ferme pris auprès de la direction des Postes.

 

Le batiment proposé en 1902 par M. Lepère avenue Gonzalve. Ici cliché pris en 2023

 

21 juillet 1902

Un plan, pour l’installation d’un bureau de Postes provisoire avec logement du receveur,  est établi

dans la propriété de M. Lepère, louée par la commune de Plessis-Trévise.

Plan du bureau de postes provisoire

Plan du bureau de postes provisoire

 

 

Sur le plan ci-contre, figurent le terrain et les batiments faisant l'objet de la location. Le reste de la propriété de M. Lepère est sur la droite du plan et n'est pas visible.

Le bâtiment prévu pour accueillir le bureau provisoire de postes est matérialisé en bas et à gauche du plan. De forme rectangulaire et prolongé par un petit hangar noté ici auvent, il est situé perpendiculairement à la route.

Le tracé en haut du plan matérialise le premier étage.

 

 

L'acte de location mentionne :

au rez de chaussée : salle à manger, cuisine

- au premier étage     : deux chambres à coucher

- au desus                  : un petit grenier

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

27 juillet 1902

 La direction des Postes et Télégraphes accuse réception des documents concernant la location à M. Lepère d’un bâtiment à usage de bureau de Postes provisoire (Plan, bail, délibérations du Conseil municipal).

Il est demandé à l’architecte de mentionner l’emplacement de la cabine téléphonique sur le plan. Cette cabine devra être construite au moyen de doubles cloisons en briques en laissant un espace entre ces cloisons. Elle devra remonter jusqu’au plafond de la salle d’attente. Sa porte sera capitonnée ou à double paroi. Il sera aménagé à la partie supérieure un orifice de dimensions suffisantes pour assurer l’aération et l’éclairage de la cabine, sans toutefois nuire au secret des communications.

 

30 juillet 1902

Nouvelle réserve faite par la direction des Postes et Télégraphes concernant l’aménagement du bureau :

« Il convient de remarquer que le bureau et la salle d’attente ne seront éclairés que par une porte vitrée et il est à craindre que cela ne soit pas suffisant. Ne serait-il pas possible de percer une fenêtre du côté de la rue ? Le propriétaire lui-même y aurait intérêt pour mieux éclairer et aérer la pièce ».

 

9 août 1902 

Après maints échanges de courrier entre les autorités, un bail est finalement signé par ;

- d'une part, M. Jules Nivette en sa qualité de Maire de la commune et M. Gustave Lepère propriétaire du bâtiment

- d'autre part, M. Villeneuve, Directeur des Postes et Télégraphe de la Seine et Oise

Le bail est signé pour une année à partir du 1er septembre 1902.

 

Contrat de location pour le bâtiment, situé 36 avenue Gonzalves, établi entre M. Lepère (propriétaire) et  M. Villeneuve (Directeur des Postes et Télégraphes de Seine et Oise) -  Versailles, 9 août 1902.

 

Dans le contrat de location, il est stipulé que des aménagements et travaux doivent être engagés :

- fourniture et pose d'une boite aux lettres et de deux casiers dans le bureau

- fourniture de deux tables dont une fermant à clé et de deux chaises

- peintures extérieures et inscriptions nécessaires : "Boite aux lettres" - "Caisse Nationale d'Epargne" -

"Bureau de Poste" - "Entrée du public"

- remplacement de la porte à deux battants par une porte vitrée ouvrant extérieurement

- pose d'un grillage limitant le jardin du coté du propriétaire

- pose d'une passerelle en bois sur le fossé de la route afin de permettre l'accès à la boite aux lettres.

 

Ces aménagements dans les normes imposées par la direction des Postes et Télégraphes devront être faits aux frais de la municipalité.

 

Le 17 août

le Conseil municipal soumissionne M. Michel Petit, entrepreneur de voitures à Plessis-Trévise, pour le transport des dépêches de la gare de Villiers-sur-Marne jusqqu'au Plessis-Trévise et vice-versa, moyennant un prix annuel de 1 200 francs partagé par moitié par l’Administration des Postes et la commune.

Le 31 août 

La question n’ayant pas été réglée en temps voulu, le Conseil municipal, à la demande de la direction des Postes, reporte la date d’ouverture du Bureau des Postes provisoire au 16 septembre 1902. La durée du bail est, en conséquence modifiée et un complément de loyer est versé à M. Lepère.

 

12 septembre 1902

La direction des Postes et Télégraphes informe le maire de la commune de la mise en service de l’établissement du facteur-receveur le 16 septembre suivant et demande de prévenir M. Petit, l’entrepreneur du service de transport des dépêches postales.

Un inspecteur se rendra à 16 heures à Plessis-Trévise pour procéder à l’ouverture du bureau.

Le service de distribution postale sera effectué par M. Jules Weiss, facteur-receveur assisté le matin d’une factrice auxiliaire.

 

16 septembre 1902 à 16 heures
ouverture du premier Bureau des Postes du Plessis-Trévise

Bureau des postes typique de cette époque. Celui du Plessis-Trévise ressemblait-il à cette illustration ? Par absence de photographie, il n'est pas possible de le certifier.

 

19 septembre 1902

La direction des Postes et Télégraphes autorise le maire de la commune à employer la factrice auxiliaire pour une 2e distribution, en vue de permettre au facteur-receveur de tenir son bureau ouvert le plus longtemps possible. Cela, dans la mesure où une délibération du Conseil municipal viendra confirme l’engagement de payer la factrice pour ce supplément de service.

 

Le 13 octobre

Le maire fait appel à la bienveillance du directeur des Postes et Télégraphes concernant la pénibilité du service du facteur-receveur :

« Le dernier départ du courrier n’a lieu qu’à 10h30 du soir, le facteur est obligé d’attendre cette heure là pour prendre son repos. Or, il est certain qu’au Plessis aucune personne n’écrit plus après 8 heures du soir…Ne pourrait-on pas déposer le courrier à Villiers pour 9 heures 13 en attendant le passage du train ? ».

 

Entretemps, le 21 juin 1902, un projet de construction définitive d’un Bureau des Postes Télégrammes-Téléphones avec logement du receveur au 1er étage, est mis à l’étude dans le prolongement de l’École communale et de la mairie, au 22 avenue Gonzalve.

 

Mais cela est une autre histoire ... qui vous sera contée dans l'épisode 2 à paraitre bientôt....

 

Le saviez-vous ?

 

Le terme facteur vient du latin "facere" signifiant "faire", et par extension "celui qui fait la tournée".

 

Sur cette carte postale, on peut voir un facteur parisien aux environs de 1905. Le facteur porte un uniforme qui lui confère une certaine dignité. En hiver sa tenue est faite de drap bleu et en été c'est plus souvent de la toile grise.

Au début du 20e siècle et jusqu'en 1950 environ, le facteur dispose d'une boite en bois qui contient le courrier à distribuer et qui lui sert aussi d'écritoire. La partie en contact avec le corps est incurvée; le facteur doit utiliser un porte plume et la boite contient donc un encrier.

Les conditions de travail du facteur sont difficiles voire pénibles, dues à l'abondance du courrier à distribuer (on écrit beaucoup à cette époque) mais aussi à la durée quotidienne de travail et au chemin à parcourir. Souvent au travail dès 6h du matin, une tournée pouvait durer jusqu'à 7 heures. Il effectue alors son travail à pied ou avec son vélo payé par lui-même, et ce, qu'il gèle ou qu'il fasse un soleil ardent. Un facteur n'est, par ailleurs, pas très bien payé. C'est seulement en 1899 que sera supprimé la rémunération au kilomètre.

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Malgré cela, le facteur est un personnage attachant, celui qu'on attendait avec impatience, qui pouvait lire le courrier aux illettrés, voire écrire les réponses. Très responsable, Il était aussi "convoyeur de fond" pour les paiements ou dépôts en liquide.

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Clin d'oeil à un facteur devenu célèbre : Ferdinand Cheval dit "Le facteur Cheval"

 

Ferdinand Cheval est né dans la Drôme en 1836. Il entre dans l'administration des Postes en 1867 et y restera pendant près de 30 ans comme facteur rural, dans sa région natale.

En 1879, lors d'une de ses longues tournées, il bute sur une pierre à la forme très irrégulière. A partir de ce moment et pendant 33 ans, il va patiemment collecter des cailloux et des pierres dans le but d'ériger un "palais de rêve". Il achève son palais en 1912 et construit ensuite son tombeau où il sera inhumé en 1924.

Perçu à son époque comme excentrique, il sera reconnu postérieurement comme un artiste. Son palais a été classé Monument Historique par André Malraux en 1969.

Un lieu à découvrir à Hauterives...

 

 

 

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