A la fin du 19e siècle, la famille Laugaudin, cultivateurs à Croissy-Beaubourg, s’installe au hameau du Plessis-Trévise, alors dépendant de la commune de La Queue-en-Brie.
Le Recensement de la population de 1876 de La Queue-en-Brie atteste de la présence de la famille Laugaudin.
Auguste, cultivateur est alors agé de 45 ans et Prudence de 42 ans. Ils ont trois enfants (Auguste 22 ans, Constance 18 ans et Eugène 12 ans).
En 1879, un certain Eustache Gonzalve fait don d’un emplacement au lieu-dit « Les champs garnis » afin d’y construire une église, projet qui n’aboutira pas, mais la Place de l’Église (renommée ensuite Place Gambetta puis Place de Verdun) est née.
A noter que selon le recensement de 1881, toute la famille est encore là. Auguste se fait appeler Louis. Son fils Auguste est devenu maçon, a épousé Suzanne Pappens et ils ont un petit garçon d'un an prénommé Albert. Constance se fait appeler Hortense et exerce le métier de couturière. Quant à Eugène, il est déclaré peintre.
Lors du recensement de 1891, Louis Laugaudin gère toujours la ferme avec sa femme et son fils Eugène.
En 1896, Eugène est marié avec Henriette Legendre. Il a repris la ferme de son père et lui succèdera jusqu’à la Grande Guerre, de sorte que la ferme restera exploitée par la famille Laugaudin durant plusiers décennies.
La ferme dans les années 1910 :
A partir de 1912, F. Coupez, un ingénieur agricole reprendra l’exploitation durant une
dizaine d’années.
Au début des années 1920, c'est une famille belge, les Vanbollebeke, qui prendra la suite.
A partir des années 1930, et durant une trentaine d'années, la famille Lacher poursuivra activement l’exploitation laitière.
Sur le cliché aérien daté de 1933, la ferme est repérable en bas et à gauche. On peut y remarquer la présence encore importante des bois. Il faudra attendre 1954 avec l'installation de la Cité de la Joie à proximimité et la construction des écoles du Monument et plus tard, les années 70 pour voir l'implantation de zones pavillonnaires et collectives dans ce secteur de la commune.
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Au début des années 1960, la famille Biou continue l’élevage des vaches laitières qui sont nourries à l’étable. Ils y développeront un petit magasin de vente en direct de lait, beurre, fromage blanc, crème fraiche au détail ainsi que de yaourts «maison» dans des pots consignés …
Guy Biou témoigne :
"Les vaches étaient dans le bâtiment situé à la droite de la boutique. Beaucoup de clients passaient la tête pour nous regarder travailler. Nous avions 34 vaches que mon père achetait pleine à un mois de leur vêlage. On élevait le veau sous le pis de la mère durant 8 jours et après on leur donnait du lait en poudre ... Une vache peut produire durant 240 à 260 jours … après c’est plus compliqué.
Nous allions faucher la luzerne dans un champ que mon père louait et nous donnions la ration journalière aux vaches qui effectivement ne sortaient jamais. Elles mangeaient également des pulpes de betteraves sucrières, des drêches de bière de la société Valstard implantée dans la région de Melun … C’était du gâteau pour les vaches.
Nous leur donnions également de la soupe tous les jours qui était fabriquée à base de cubes de concentrés en poudre de bouillon de poule, de bœuf, impropres à la commercialisation parce qu’éclatés. On mélangeait ces « cubes » dans de l’eau chaude et on ouvrait les vannes des bacs situés en amont des auges qui devaient être préalablement nettoyées correctement. Les vaches buvaient ce nectar avec délectation.
On leur donnait aussi du foin acheté également, tout comme la paille livrée en très gros ballots de 300 kg qui leur servait de litière.
Deux fois par jour, nous changions la litière et lavions le béton avant de mettre la paille propre. Nous devions également les étrier tous les jours et même les laver car certaines prenaient un malin plaisir à se coucher sur les bouses …"
Autres souvenirs racontés par Vincent Chouquet :
"Dans cette ferme, les vaches rentraient lorsqu'elles attendaient un veau, elles vêlaient et ensuite une partie du lait était pour la revente, pour faire la crème; le petit lait nourrissait les cochons (lait + son).
Les vaches étaient dans l'étable qui se trouvait à droite lorsque l'on rentrait par la Place Gambetta et un peu plus à droite derrière, il y avait la porcherie. Un ou deux cochons étaient tués à la ferme, les autres vendus (souvenirs souvenirs !).
Les vaches étaient nourries avec de la luzerne ou du foin (coupé là où se trouve le Village anglais et le
Bois-Lacroix; la route actuelle du Plessis-Trévise à Pontault-Combault n'était pas là où elle se trouve actuellement), nourries aussi avec de la drêche (ce qui reste après la bière) et aussi des
restes de potage qui venaient de chez Royco qui étaient réhydratés à la ferme...
Quand la vache était "tarie", elle finissait chez Mr Caro, boucher à l'angle De Gaulle-Charcot. Ce boucher était le dernier au Plessis à avoir le droit d'abattage."
Début des années 1970, la ferme cesse ses activités et devient propriété privée.
Les bâtiments disparaitront totalement au début des années 2000 pour laisser place à la résidence actuelle.