Successivement appelées
Ecoles du Monument (Ecole des filles, Ecole des garçons, Maternelle)
Monument A - Monument B - Maternelle [en 1968, suite à mise en place de la mixité]
Ecole primaire Jean Moulin et Ecole primaire Jean Monnet [1990]
Ecole maternelle Saint-Exupéry [1990]
Ecoles primaires Jean Moulin Jean Monnet [en 2011, une seule direction pour les 2 écoles primaires]
En octobre 1956, les écoles du Monument (école des filles, école des garçons et école maternelle) sont inaugurées. Cette construction est rendue nécessaire principalement par l'afflux d'enfants issus de la construction de la Cité de la Joie en 1954 mais aussi par le nombre grandissant des lotissements dans les différents quartiers de la commune. L'école du Centre, alors seule école ne peut plus accueillir tous les enfants. L'urbanisation se poursuivant, moins de deux ans plus tard, la construction des écoles du Val Roger est envisagée.
Retour sur l'histoire des "Ecoles du Monument" désormais dénommées "Ecole Primaire Jean-Moulin-Jean Monnet" et "Ecole maternelle Saint-Exupéry".
En ce début d'année 1954, Le Plessis-Trévise est une petite commune rurale d'environ 1 300 habitants. Sa croissance démographique est très faible depuis sa création 55 ans plus tôt et l'école du Centre suffit alors à accueillir tous les enfants.
Février 1954, l'Abbé Pierre, suite au magnifique élan de solidarité provoqué par son appel, annonce à la radio la construction d'une Cité d'urgence au Plessis-Trévise, prenant de court les instances locales non préparées à un tel bouleversement.
Par ailleurs, dans le quartier du Val Roger, 150 pavillons sont en cours de construction par le mouvement associatif dit " des Castors", opération consistant à construire soi-même son habitation avec le soutein moral et financier de l'entreprise qui vous emploie. La commune est en plein chantier : en moyenne, 30 permis de construire sont accordés chaque semaine.
Fin 1954, la population est d'environ 2 500 habitants (elle a doublé depuis le début de l'année) et les prévisions tablent sur 4 000 en 1955 et 6 000 en 1956. Les effectifs scolaires augmentent au même rythme.
Lors de l'inauguration de la Cité de la Joie, le 15 novembre 1954, le maire Pierre Boyer dans son allocution dresse un constat alarmant de la situation de la commune et demande l'assistance urgente des pouvoirs publics.
Concernant la scolarité des enfants, il prononcera les mots suivants :
"...Nouvelle municipalité, nous constatons que, dans un temps très court, nous ne pourrons plus assurer l'indispensable à la vie collective. Quand je dis l'indispensable, je pense à l'instruction des enfants; il nous faut des classes, nous ne pouvons pas laisser des enfants dans la rue..."
En avril 1954, conscient d'avoir mis en difficulté la commune, l'Abbé Pierre écrit au maire du Plessis-Trévise pour lui proposer la cession à l'amiable d'un terrain de 5 000m² au sein de la Cité de la Joie afin d'y construire une école. L'avenir montrera que cette proposition n'a pas été retenue.
Pour faire face aux besoins, 3 salles sont d'abord aménagées, en urgence, dans la salle des fêtes (la salle des fêtes se trouvait alors, avenue Ardouin, devant les immeubles actuels situés entre la médiathèque et l'avenue Charcot).
3 salles préfabriquées (dites Lecorché) et un préau sont très rapidement construits à l'emplacement du jardin du directeur de l'école du Centre.
Mais ces solutions d'urgence ne sauraient être pérennes tant pour les habitants que pour les nouveaux arrivants.
Les administrations concernées doivent se rendre à l'évidence et envisager la construction d'un nouvel édifice scolaire. Le projet est accepté par le conseil municipal dans sa séance du 11 février 1955.
La municipalité acquiert un terrain au sud de la commune, à proximité de la Place Gambetta (actuellement Place de Verdun), pour 8 millions de francs et engage 124 millions pour l'édification du nouvel établissement scolaire. L'essentiel du financement provient de subventions de l'Etat et dans une moindre mesure de prêts municipaux. Hummel en assurera l'architecture et l'entreprise SICRA la construction.
Le groupe scolaire initial est constitué de :
- deux écoles primaires de 10 classes (la mixité n'est pas encore à l'ordre du jour) :
- une pour les filles (au fond et à gauche sur la photo) - Actuellement Ecole primaire Jean-Moulin
- une pour les garçons (au fond et à droite) - Actuellement Ecole Primaire Jean Monnet
- une école maternelle de 3 classes (au centre et en vue de face) - Actuelle Ecole Saint-Exupéry
- un groupe de restauration (cuisine, cantine, deux réfectoires) : bâtiment reliant l'école Maternelle et l'école des garçons)
- de logements pour les enseignants (bâtiment au premier plan).
La direction des 2 écoles primaires est assurée durant les 3 premières années par M. et Mme Roullin.
M. Chauzeix et Mme Chauzeix-Laplume leur succèderont durant de nombreuses années. Quant à Mme Lucas, elle assurera la première direction de l'école maternelle.
Les espaces boisés comme on peut le constater sur cette vue sont encore très prégnants sur la commune.
L'ouverture a lieu le 1er octobre 1956, date traditionnelle de rentrée des classes à cette époque.
Plus de 600 enfants (dont les 3/4 sont issus de la Cité de la Joie) sont accueillis en écoles primaires. Il y a peu de matériel, la commune est pauvre et seul le strict nécessaire a été fourni. Du mobilier ancien et non utilisé a été récupéré à l'école du Centre mais petit à petit, les nouvelles écoles vont acquérir ce dont elles ont besoin.
Quant à la cantine, elle ne sera opérationnelle que quelques années plus tard.
A la rentrée 56, Mmes Angèle Roullin (Directrice), Alix Villesange, Claude Pernière, Jeanine Poli et Michèle Estève sont les 5 premières institutrices pour l'école des filles.
Elles accueillent 143 jeunes filles dans leurs classes pour cette première année.
En 1960, M. Chauzeix alors Directeur du Monument A, se plaint, non sans humour, de l'absentéisme des enfants de son école.
(voir ci-contre, article paru dans la revue municipale de l'époque)
En 1963, environ 800 élèves fréquentent les 2 écoles primaires. Certaines classes accueillent jusqu'à 40 élèves comme le montrent les quelques clichés ci-dessous.
En 1968, la mixité est mise en place : les enfants sont répartis non pas en fonction de leur lieu d'habitation mais selon la première lettre de leur nom favorisant ainsi leur intégration. C'est la lettre "L" qui est tirée au sort et qui fait la séparation entre les deux écoles primaires. Les premiers selon l'ordre alphabétique sont scolarisés dans l'école des garçons qui prend alors le nom d' "Ecole du Monument A", l'entrée s'effectuant avenue Bertrand et, les seconds dans l'école des filles qui prend le nom d' "Ecole du Monument B", l'entrée étant avenue du Général de Gaulle. (Comme c'est encore le cas aujourd'hui).
Rappelons que jusqu'en 1968, on allait à l'école 5 jours par semaine : lundi, mardi, mercredi, vendredi et samedi toute la journée. Le jour de congé était le jeudi.
Les écoliers étudiaient alors 30 heures par semaine.
L' année scolaire commençait le 1er octobre, traditionnellement une fois terminées les vendanges et se terminait le 14 juillet.afin d'assurer les moissons.
L'école du "Monument A" prend le nom d'école primaire "Jean Moulin" et l'école du "Monument B" devient l'école primaire "Jean Monnet".
Chaque école est toujours dirigée indépendamment par un directeur ou une directrice.
Depuis 2011, les deux écoles primaires sont désormais placées sous une direction unique.
La foule avait répondu présente ce 18 novembre 2006 pour fêter le jubilé des 50 ans.
Expos, chants, retrouvailles ont rythmé cette cérémonie organisée sous l'égide du Comité du Jubilé et de la Société Historique.
La matinée a débuté par une surprise avec une récréation séparée (les filles du coté Monnet, les garçons du coté Moulin), histoire de rappeler une époque passée.
M. Jégou, maire du Plessis-Trévise a prononcé son discours sous le préau comble de l'école maternelle Saint-Exupéry. Il était accompagné d'anciens élèves et enseignants, des directeurs et des élus du Conseil Municipal.
De nombreux contacts furent pris par la Société Historique, principalement au travers des sites internet, et
ce fut de grands moments de retrouvailles et d'émotion entre anciens élèves et anciens enseignants venus, pour certains, de plusieurs centaines de kilomètres.
La Société Historique a présenté également à cette occasion une exposition de plus de 400 photos de classe des années 1960 à 2006. Une classe des années 1950 avec son mobilier, son matériel pédagogique, ses écoliers en blouse, a été reconstituée.
Les directrice et directeur de ce jubilé eurent le privilège de découper et d'offrir à l'assitance un somptueux gâteau d'anniversaire.
Un livret commémoratif de ces 50 ans de bons et loyaux services de ces écoles, a été conçu tout spécialement par la Société Historique (pour les textes et documents) et l'Office plesséen de la communication (pour la conception et la réalisation).
Dans la galerie suivante, les photos présentées ont été publiées par la ville du plessis-Trévise dans le Plessis-Mag n°41 de décembre 2006.
Les bâtiments ont été rénovés mais n'ont quasiment pas changés. L'urbanisation ceinture désormais le groupe scolaire.
Les rythmes d'enseignement ont changé, les encriers ont disparu et l'informatique a fait son apparition, mais inlassablement, sereinement, les Ecoles continuent leur mission d'éducation auprès des nombreuses générations d'enfants qui s'y succèdent.
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Témoignage de Françoise Lacombe, institutrice
"L'école du quartier du Monument, j'en ai déjà entendu parler lorsque, à la rentrée 1954, les murs de notre école du Centre se sont mis à craquer sous les effectifs et que j'ai dû aller en classe un an dans la salle des Fêtes. Il fallait absolument construire une nouvelle école au Plessis.
21 septembre 1968, le directeur de l'école du Monument A, actuellement école Jean Moulin, me reçoit et lit mon avis d'affectation :
« Monument B. Ah! Vous avez de la chance, vous êtes nommée chez les filles ..., parce que ... ici vous êtes au Monument A, l'école des garçons et… chez nous, ce sont des durs! ».
La Directrice de l'école des filles, aujourd'hui école Jean Monnet, m'accueille à son tour :
« Que préférez-vous : un CP – CE1 ? un CE2 - CM 1 ? une classe de perfectionnement ?»
L'embarras du choix alors que les enfants sont en classe depuis une semaine ou plus... Gentiment, les collègues me conseillent: « Prenez les CE2 - CM 1, elles sont adorables ! ».
La maîtresse qui a assuré cette première semaine de rentrée m'accompagne donc avec le rang d'une trentaine de fillettes jusqu'au deuxième étage. Appel pour la cantine, l'étude.
« Voilà le tableau des services de surveillance, le cahier d'appel. Vous avez les CE2 de ce côté-ci, les CM1 de l'autre. Moi, je dois me sauver car je suis nommée à Marbeau pour l'ouverture de cette nouvelle école. Bon courage... » - « Merci beaucoup ! »...
Effectivement, elles semblent bien mignonnes, ces petites élèves, bras croisés, avec leurs blouses, leurs ardoises, leurs encriers et leurs porte-plumes... Mai 68 ne semble pas être passé ici !
Au travail à présent... Sans aucune heure de formation, sans aucune notion de pédagogie ! C'était souvent ainsi à l'époque. Heureusement, la directrice vient à mon secours en me prodiguant les tout premiers conseils, l'essentiel pour offrir aux enfants l'enseignement que l'École leur doit.
Précieux conseils pour lesquels trente-huit ans plus tard je la remercie encore.
Il y a aussi l'encre violette dont je découvre la fabrication. Recette:
"Vous versez le contenu d'un tube de poudre violette dans un litre d'eau chaude, vous agitez... et vous remplissez les petits encriers de chaque enfant".
Les napperons de dentelle-papier imaginés par chacune protégeront le bois des pupitres de feux d'artifice involontaires !
On ne parle pas encore couramment de citoyenneté, mais deux matins par semaine, on a l'incontournable leçon de morale. C'est ainsi que je puis encore lire la toute première notion que j'ai inscrite sur mon journal de classe de 68:
«Nécessité de s'instruire. Les dangers de l'ignorance ». Et là, rien n'a changé! La semaine suivante, ce fut « L'École est une grande famille ». De cela aussi je suis toujours convaincue.
Je passerai trois ans à l'École du Monument filles. Trois ans bien évidemment de travail, d'expériences, de découvertes mais aussi trois ans de liens tissés avec les enfants et leurs familles. Dans ce quartier du Monument régnait une «mixité », comme on dit en 2006, tout à fait enrichissante, si j'ose dire. D'ailleurs, le port de la blouse permettait de moins souligner les différences : on ne se jalousait pas pour des marques ! On reprenait en chœur, avec les écoles de la France entière, les chants de la radio scolaire, le mercredi après-midi après la récréation.
Et les sorties? Pour certaines fillettes qui ne quittaient jamais leur quartier, les quelques kilomètres qui nous séparaient du zoo d'Ozoir-la-Ferrière représentaient une véritable aventure : prendre l'autocar, rencontrer une girafe, pique-niquer près des paons... un rêve !
En 1971, avec mes CM1, nous avons entretenu une correspondance avec une classe de Dives-sur-Mer en Normandie. Chaque enfant avait sa correspondante personnelle : avec leur institutrice, nous avions discrètement tenté de les associer selon leur caractère, leurs intérêts, leur niveau scolaire. On s'échangea des photos du Plessis et de Dives, des textes sur la capitale et sur la Vallée d'Auge. Modeste bien sûr mais intéressant. Les coquillages et les étoiles de mer envahirent notre classe et en juin on eut le bonheur de se rencontrer et de pique-niquer dans le Parc de Thoiry où nos deux classes avaient organisé leur sortie de fin d'année.
Une autre festivité préparée de longue haleine, par toute l'école cette fois : le Lendit, une manifestation sportive où les enfants toutes vêtues de blanc exécutaient des mouvements de gymnastique imposés sur une musique. Impressionnant sur la pelouse de l'école. Josiane se souvient encore : «Toutes en blanc, vous vous rappelez ? »
Une année, on vit arriver une équipe sociale qui allait prendre en charge les familles de la Cité: une prise de contact eut lieu dans un baraquement, «La Maison pour tous » paraît-il. Ensemble, équipe sociale et équipe enseignante, on réfléchit à tout ce que l'on pourrait faire pour aider au maximum nos enfants. D'ailleurs, l'équipe d'Emmaüs a, peu à peu, accompli un extraordinaire travail de soutien des familles dans tous les domaines du quotidien.
Voilà. Trois ans dans cette école, dont il me reste des visages, des sourires, des mots d'enfants. Voici quelques souvenirs sans ordre établi bien sûr : Cathie, adorable, si longuement hospitalisée et qui, aujourd'hui, pilote des avions à travers le monde. Maria, si timide, qui vingt ans plus tard m'amena son petit Jean-Michel au Val Roger. Clarisse, au premier rang, si jolie avec ses anglaises et qui ne comprenait pas que la maîtresse puisse être la camarade de sa grande sœur ! Houria, un amour d'enfant, qui s'appliquait tant. Marie-Louise, aux cordes vocales impressionnantes ! Nathalie, la fantaisiste, qui amusait toujours la classe. Baya, Claudine, Nicole, Nadège... si sages. Rose-Anne et Adeline, les cousines, qui brodaient si bien. Isabelle, si spontanée. Mireille, au caractère si affirmé. Brigitte, qui sacrifia un jour une précieuse petite pièce pour acheter un croissant à la boulangerie Chouquet : « Joyeux Noël maîtresse ! ». Déolinda, un rayon de soleil !
Et puis toutes les autres qui ont fait vivre cette école un peu particulière, cette école qui malgré son demi-siècle résonne toujours de voix d'enfants.